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  Les relations de la France avec l'Algérie avant 1830.  
     
  
En 1800, Dubois-Thainville fut nommé consul général, avec mission de réta­blir la paix. Il avait fréquenté les Turcs et joignait à l'expérience des affaires la fermeté requise pour en imposer au Divan; il s'efforça d'apprendre au dey Mustapha combien était redoutable la colère de celui qu'on appelait en Afrique « le général Diable ». Il présenta au dey une lettre du premier Consul et conclut un armistice qui se transforma peu après en une paix définitive. Cette paix fut bientôt rompue à la demande de l'Angleterre, mais on laissa le temps à Dubois-Thainville et à ses nationaux de s'embarquer, aux navires français de regagner leurs ports ; enfin le dey écrivit au premier Consul pour s'excuser et lui représenter qu'il avait eu la main forcée. En 1801, un nouveau traité de paix fut signé stipulant la liberté du commerce et la suppression de l'esclavage des Français à Alger; il n'eut d'ailleurs pas plus de durée que le précédent.

LA CONQUÊTE D'ALGER IDÉE NAPOLÉONIENNE

La conquête d'Alger peut être considérée comme une idée napoléonienne. La destruction des Régences barbaresques faisait partie de l'ensemble des plans méditerranéens de Bonaparte et se reliait à son projet d'atteindre l'Inde à travers l'Égypte et la Perse. A deux reprises, en 1802 et en 1808, il songea à passer aux actes. En 1802, le capitaine d'un navire français ayant été frappé par un raïs algérien et deux bricks français capturés, le premier consul dicta à Talleyrand un ordre énergique pour Dubois-Thainville : « Je préfère, disait-il, avoir une rupture avec Alger et lui donner une bonne leçon que de souffrir que ces brigands n'aient pas pour le pavillon français le respect que je suis à même de les obliger d'avoir. » Le 7 août 1802, une division navale paraissait devant Alger sous les ordres du contre-amiral Leyssègue, ayant à son bord l'adjudant du palais Hulin, chargé de remettre au dey une lettre de Bonaparte : « J'ai détruit l'empire des Mameluks, parce qu'après avoir outragé le pavillon français, ils osaient demander de l'argent pour la satisfaction que j'avais droit d'attendre. Craignez le même sort et si Dieu ne vous a pas aveuglé pour vous conduire à votre perte, sachez ce que je suis et ce que je peux faire. Si vous refusez de me donner satisfaction, je débarquerai 80 000 hommes sur vos côtes et je détruirai votre Régence. Ma résolution est immuable. »
Bonaparte était bien décidé en effet à mettre ses menaces à exécution. Le ministre de la Marine Decrès reçut l'ordre de rassembler dans la Méditerranée une escadre de 15 navires « prête à agir suivant les circonstances ». L'ambassadeur de la Porte à Paris, Mohammed-Ghaleb-Effendi, fut officiellement informé de nos griefs, ainsi que de l'impertinence des Barbaresques de vouloir exiger
 
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