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En 1800, Dubois-Thainville fut
nommé consul général, avec mission de rétablir la
paix. Il avait fréquenté les Turcs et joignait à
l'expérience des affaires la fermeté requise pour en
imposer au Divan; il s'efforça d'apprendre au dey Mustapha
combien était redoutable la colère de celui qu'on appelait
en Afrique « le général Diable ». Il présenta au dey
une lettre du premier Consul et conclut un armistice qui se
transforma peu après en une paix définitive. Cette paix
fut bientôt rompue à la demande de l'Angleterre, mais on
laissa le temps à Dubois-Thainville et à ses nationaux de
s'embarquer, aux navires français de regagner leurs ports ;
enfin le dey écrivit au premier Consul pour s'excuser et
lui représenter qu'il avait eu la main forcée. En 1801, un
nouveau traité de paix fut signé stipulant la liberté du
commerce et la suppression de l'esclavage des Français à
Alger; il n'eut d'ailleurs pas plus de durée que le
précédent. |
LA
CONQUÊTE D'ALGER IDÉE NAPOLÉONIENNE |
La conquête d'Alger peut être
considérée comme une idée napoléonienne. La destruction
des Régences barbaresques faisait partie de l'ensemble des
plans méditerranéens de Bonaparte et se reliait à son
projet d'atteindre l'Inde à travers l'Égypte et la Perse.
A deux reprises, en 1802 et en 1808, il songea à passer aux
actes. En 1802, le capitaine d'un navire français ayant
été frappé par un raïs algérien et deux bricks
français capturés, le premier consul dicta à Talleyrand
un ordre énergique pour Dubois-Thainville : « Je
préfère, disait-il, avoir une rupture avec Alger et lui
donner une bonne leçon que de souffrir que ces brigands
n'aient pas pour le pavillon français le respect que je
suis à même de les obliger d'avoir. » Le 7 août 1802,
une division navale paraissait devant Alger sous les ordres
du contre-amiral Leyssègue, ayant à son bord l'adjudant du
palais Hulin, chargé de remettre au dey une lettre de
Bonaparte : « J'ai détruit l'empire des Mameluks, parce
qu'après avoir outragé le pavillon français, ils osaient
demander de l'argent pour la satisfaction que j'avais droit
d'attendre. Craignez le même sort et si Dieu ne vous a pas
aveuglé pour vous conduire à votre perte, sachez ce que je
suis et ce que je peux faire. Si vous refusez de me donner
satisfaction, je débarquerai 80 000 hommes sur vos côtes
et je détruirai votre Régence. Ma résolution est
immuable. »
Bonaparte était bien décidé en effet à mettre ses
menaces à exécution. Le ministre de la Marine Decrès
reçut l'ordre de rassembler dans la Méditerranée une
escadre de 15 navires « prête à agir suivant les
circonstances ». L'ambassadeur de la Porte à Paris,
Mohammed-Ghaleb-Effendi, fut officiellement informé de nos
griefs, ainsi que de l'impertinence des Barbaresques de
vouloir exiger |
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