Bonaparte avait cherché à se rendre un compte exact de la
situation militaire de la Régence; il avait interrogé les
voyageurs qui avaient parcouru l'Afrique, en particulier
Thédenat, qui avait été captif à Alger et à Mascara,
consulté Peyron, gouverneur des Concessions, et Jeanbon
Saint-André, l'ancien chargé d'affaires du Directoire. La
flotte était prête à appareiller quand la réponse du dey
arriva, aussi humble et soumise que celle de Bonaparte
était hautaine. Elle donnait satisfaction sur tous les
points :
« Dorénavant, notre ami, s'il survient quelque chose entre
nous, écrivez-moi vous-même et tout s'arrangera à
l'amiable. » Mustapha reçut les officiers de l'escadre
avec des honneurs inaccoutumés, dans le plus grand pavillon
de ses jardins et leur donna les plus beaux chevaux de ses
écuries. Le raïs coupable d'avoir frappé un capitaine
français fut conduit devant le consulat de France pour
être décapité et il avait déjà la tête sur le billot,
lorsque Dubois-Thainville lui fit grâce au nom de la
République. La pêche du corail fut rétablie.
L'orage se détourna sur l'Angleterre, le consul de cette
nation, M. Falcon, ayant eu l'imprudence de recevoir chez
lui en plein jour des femmes turques. Nelson vint faire
devant Alger deux démonstrations navales successives, mais
il avait l'ordre formel de ne pas pousser les choses à
l'extrême. |