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  Les relations de la France avec l'Algérie avant 1830.  
     
   d'Alger les volontés de l'Europe. Ils n'obtinrent même pas une satisfaction morale. Le dey Husseïn déclara qu'il avait le droit de visiter tous les navires, afin de reconnaître ses amis et ses ennemis, et que ses sujets n'ayant pas d'autre commerce, il ne pouvait renoncer à la course. Les commissaires avaient ordre de ne pas trop insister; ils durent prendre congé du dey, qui leur souhaita, avec beaucoup d'obligeance, dit Deval, «un bon voyage», non sans quelque ironie.
Les essais d'entente internationale avaient échoué. Les démonstrations individuelles des puissances, bien qu'elles devinssent de plus en plus fréquentes, ne réussirent pas mieux. En 1815, les États-Unis envoyèrent une division navale sous les ordres du commodore Decatur ; il devait exiger l'abolition du tribut annuel et du droit de visite; il détruisit le raïs Hamidou, corsaire célèbre et un traité fut signé après quelques jours de discussion. En même temps, une division de six frégates hollandaises mettait le blocus devant Alger et la flotte anglaise y paraissait sous le commandement de lord Exmouth. Ce dernier revint en 1816 et engagea un furieux duel d'artillerie avec les 300 bouches à feu qui défendaient la place. Les Algériens prétendirent que l'amiral s'était servi du pavillon parlementaire pour prendre ses positions de combat, effectuant ainsi à l'abri du danger la partie la plus périlleuse de l'opération. Lord Exmouth perdit 800 hommes et éprouva d'assez graves avaries; mais, sous les 34 000 projectiles qu'il lança, la plupart des navires de la flotte algérienne furent coulés, les forts démantelés, les ouvrages de défense bouleversés. Le dey se soumit, accorda la libération de tous les esclaves chrétiens, au nombre de 1200, presque tous Italiens ou Espagnols, et promit d'abolir l'esclavage. Mais il restait libre de faire la course sur les petites puissances.

En 1817, le dey restitua à la France les Concessions, que les Anglais avaient obtenues en 1807 ; la redevance annuelle, qui, depuis 1694, était de 17000 francs, fut portée à 60000 francs. Mais ces établissements périclitèrent malgré de nombreux projets de réorganisation. De nouvelles difficultés surgirent en 1824 entre la Grande-Bretagne et la Régence, à propos des domestiques kabyles du consul dont le dey prétendait se saisir. Sir Harry Neal vint bombarder la ville, mais le feu dirigé de trop loin n'eut aucun effet et l'amiral repartit sans avoir rien obtenu. Les Algériens se flattèrent d'avoir remporté une victoire signalée; en même temps, la guerre de l'indépendance grecque, pendant laquelle le dey envoya quelques navires se joindre à la flotte ottomane, occasionna une recrudescence de fanatisme. Le dey Husseïn, qui avait pris le pouvoir en 1819, eut de ce fait une attitude de plus en plus insolente vis-à-vis des puissances européennes en général et de la France en particulier.

 
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