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d'Alger les volontés de l'Europe. Ils n'obtinrent même pas une
satisfaction morale. Le dey Husseïn déclara qu'il avait le droit
de visiter tous les navires, afin de reconnaître ses amis et ses
ennemis, et que ses sujets n'ayant pas d'autre commerce, il ne
pouvait renoncer à la course. Les commissaires avaient ordre de ne
pas trop insister; ils durent prendre congé du dey, qui leur
souhaita, avec beaucoup d'obligeance, dit Deval, «un bon voyage»,
non sans quelque ironie.
Les essais d'entente internationale avaient échoué. Les
démonstrations individuelles des puissances, bien qu'elles
devinssent de plus en plus fréquentes, ne réussirent pas mieux. En
1815, les États-Unis envoyèrent une division navale sous les
ordres du commodore Decatur ; il devait exiger l'abolition du tribut
annuel et du droit de visite; il détruisit le raïs Hamidou,
corsaire célèbre et un traité fut signé après quelques jours de
discussion. En même temps, une division de six frégates
hollandaises mettait le blocus devant Alger et la flotte anglaise y
paraissait sous le commandement de lord Exmouth. Ce dernier revint
en 1816 et engagea un furieux duel d'artillerie avec les 300 bouches
à feu qui défendaient la place. Les Algériens prétendirent que
l'amiral s'était servi du pavillon parlementaire pour prendre ses
positions de combat, effectuant ainsi à l'abri du danger la partie
la plus périlleuse de l'opération. Lord Exmouth perdit 800 hommes
et éprouva d'assez graves avaries; mais, sous les 34 000
projectiles qu'il lança, la plupart des navires de la flotte
algérienne furent coulés, les forts démantelés, les ouvrages de
défense bouleversés. Le dey se soumit, accorda la libération de
tous les esclaves chrétiens, au nombre de 1200, presque tous
Italiens ou Espagnols, et promit d'abolir l'esclavage. Mais il
restait libre de faire la course sur les petites puissances.
En 1817, le dey restitua à la France les Concessions, que les
Anglais avaient obtenues en 1807 ; la redevance annuelle, qui,
depuis 1694, était de 17000 francs, fut portée à 60000 francs.
Mais ces établissements périclitèrent malgré de nombreux projets
de réorganisation. De nouvelles difficultés surgirent en 1824
entre la Grande-Bretagne et la Régence, à propos des domestiques
kabyles du consul dont le dey prétendait se saisir. Sir Harry Neal
vint bombarder la ville, mais le feu dirigé de trop loin n'eut
aucun effet et l'amiral repartit sans avoir rien obtenu. Les
Algériens se flattèrent d'avoir remporté une victoire signalée;
en même temps, la guerre de l'indépendance grecque, pendant
laquelle le dey envoya quelques navires se joindre à la flotte
ottomane, occasionna une recrudescence de fanatisme. Le dey Husseïn,
qui avait pris le pouvoir en 1819, eut de ce fait une attitude de
plus en plus insolente vis-à-vis des puissances européennes en
général et de la France en particulier.
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