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La créance s'élevait, d'après Bakri, à 7 943 000 francs : le
Consulat autorisa le paiement d'un acompte de 3 726 000 francs. Les
choses restèrent en l'état jusqu'à la fin de l'Empire. Le dey
s'irritait des retards, d'autant plus qu'une partie des marchandises
livrées par les Juifs lui appartenaient. Dubois-Thainville avait
été remplacé en 1815 comme consul général à Alger par Pierre
Deval, fils d'un drogman de l'ambassade de France à
Constantinople ; il parlait le turc et l'arabe et ne manquait pas
de finesse, mais il avait une mentalité toute levantine, usant
volontiers de voies obliques et de ruses, ce qui lui valait d'être
peu considéré. Deval eut au début une attitude très conciliante,
comme le lui prescrivaient d'ailleurs ses instructions et promit la
prompte liquidation de cette affaire. En 1819, les Juifs
réclamaient 24 millions, mais déclarèrent bientôt se contenter
de 7 millions pour solde de tout compte. Le gouvernement de la
Restauration reconnut la dette et une convention du 28 octobre 1819,
approuvée par la Chambre des députés le 24 juillet 1820, décida
que la somme de 7 millions sur laquelle on était tombé d'accord
serait payée par le Trésor public.
Les droits de créancier du dey étaient passés sous silence dans
l'acte de 1819 ; il ne connut probablement pas la teneur exacte de
l'acte et ne l'aurait d'ailleurs sans doute pas compris. Il
l'approuva et se déclara satisfait. Mais, aussitôt la loi
promulguée, de nombreuses oppositions aux ordonnances de paiement
furent formées par les créanciers de Bakri et de Busnach. En
conséquence, 4 500 000 francs seulement furent payés et une somme
de 2 500 000 francs fut versée à la Caisse des dépôts et
consignations, en attendant que les tribunaux se fussent prononcés.
Un acte public destiné à faire droit aux réclamations du dey eut
pour conséquence de rendre légale sa spoliation. Dans cette
affaire, le gouvernement français et le dey d'Alger furent
également dupés par Jacob Bakri.
Husseïn s'attendait à être payé; il ne comprenait rien aux
lenteurs de notre procédure et aux règlements de notre
comptabilité. Deval fut chargé de lui expliquer les causes qui
retardaient le paiement : tâche ingrate dans laquelle il réussit
mal : « Suis-je responsable, disait le dey, des obligations que
peuvent avoir contractées deux maisons juives? S'il était dû au
roi de France de l'argent par un de mes sujets, justice lui serait
rendue dans les vingt-quatre heures. » On lui devait de l'argent,
on lui avait promis de le lui rendre et on ne le lui rendait pas.
Ces lenteurs l'irritaient de plus en plus.
Les Juifs, craignant pour leurs têtes, se gardaient bien de
retourner à Alger; le dey demandait leur extradition et accusait le
consul d'être leur complice, de s'être laissé acheter par eux.
S'entêtant de plus en plus, Husseïn écrivit directement au roi,
accusant Deval de concussion, demandant son rappel, réclamant
l'arrestation
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