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  Les relations de la France avec l'Algérie avant 1830.  
     
   L'entreprise se heurtait à une hostilité violente de l'Angleterre, qui, établie à Gibraltar, à Malte, aux Iles Ioniennes, était très désireuse de maintenir à son profit le statu quo méditerranéen. Le prince de Polignac était apparenté à la haute société anglaise et le duc de Wellington se félicitait de son avènement au pouvoir. Il lui fallut bientôt en rabattre : " Je considérais Polignac, dit-il, comme borné, mais loyal.; c'est en réalité un des hommes les plus habiles et les plus faux que je connaisse. "
Wellington, chef du cabinet anglais, avait comme ministre des Affaires étrangères lord Aberdeen. Il était représenté à Paris par lord Stuart, qui ne manquait pas d'esprit, mais qui était dépourvu de tact et de discrétion. On lui reprochait à Londres ses dépêches obscures et contradictoires : " Lord Stuart, disait Wellington, ne comprend jamais ce qu'on le charge de dire aux ministres français, ni ce que ceux-ci lui répondent. " Dans l'Afrique du Nord, les consuls anglais Thomas Read à Tunis, Warrington à Tripoli, Saint-John à Alger intriguaient de toute manière contre la France. Arrivé à Alger en 1827, M. Saint-John était un homme fort intelligent, connaissant très bien le terrain, animé d'une haine contre les Français qui allait jusqu'à la passion. Il rendit somme toute un assez mauvais service à son pays en encourageant le dey à la résistance, lui assurant qu'il serait soutenu par l'Angleterre.
Vers la fin de 1829 se place un curieux épisode: une tentative du prince de Polignac pour combiner une alliance entre la France et l'Égypte contre les Barbaresques. On proposa au pacha d'Égypte, Méhémet-Ali, de s'emparer des Régences avec le concours pécuniaire de la France, qui l'aurait en outre garanti contre l'hostilité des autres puissances; on en vint même à lui proposer la coopération effective de la flotte française et on chercha aussi à obtenir un firman de la Porte autorisant cette entreprise. La combinaison franco-égyptienne, dont l'idée première appartenait au consul de France à Alexandrie, M. Drovetti, n'avait aucune chance de succès. C'était associer la question d'Orient à la question d'Alger et l'Angleterre était encore plus hostile à l'alliance de la France avec Méhémet-Ali qu'à nos projets en Afrique; elle nous le fit bien voir en 1840. Les autres puissances ne faisaient pas d'objections, mais regardaient en général la combinaison égyptienne comme irréalisable : " Croyez-vous, disait Nesselrode, que les Égyptiens soient capables d'aller à Alger? Comment n'osez-vous pas détruire vous-même ce nid de pirates et vous y établir pour nous en délivrer à jamais? " Polignac se décida à renoncer à son projet et l'expédition purement française fut décidée.
Les allures de la diplomatie anglaise furent assez confuses. Lord Aberdeen offrit d'abord la coopération de l'Angleterre, ce qui eût mené à un condominium,
 
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