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  Les relations de la France avec l'Algérie avant 1830.  
     
  
mais Wellington, jugeant l'entreprise périlleuse, préféra laisser la France s'y engager, persuadé qu'elle n'en viendrait pas à bout. On essaya alors de faire intervenir la Turquie en la pressant de réduire à l'obéissance son vassal rebelle. Pris entre les ambassadeurs de France et d'Angleterre, le général Guilleminot et sir Robert Gordon, les Turcs se décidèrent à envoyer à Alger l'amiral Taher-Pacha, ancien commandant de la flotte ottomane à Navarin : " Si tu réussis, lui dit le grand-vizir, tu auras les trois queues, sinon ta tête tombera. "
 
Cette alternative engagea Taher à ne pas se presser. Il s'arrangea pour arriver trop tard, lorsque l'expédition française était déjà en route; l'escadre du blocus l'empêcha d'entrer à Alger et l'envoya à Toulon sous escorte.
En France même, l'Angleterre essayait d'intimider le gouvernement et d'obtenir de lui des engagements précis pour l'avenir : " Prévenez Polignac, écrivait Wellington, que tout ce que nous laisserons faire sera quelque chose d'analogue au bombardement de 1816, à moins que, par une communication officielle, Sa Majesté Très Chrétienne s'engage à ne pas établir l'influence française dans ce pays. " On répondit que le mieux serait de traiter l'affaire avec toutes les puissances lorsque Alger serait en notre pouvoir.
 
Pendant cinq mois, les efforts de l'Angleterre pour obtenir de nous des engagements qui nous auraient retiré tout le bénéfice de l'expédition se heurtèrent à une fin de non-recevoir: " Nous nous sommes abstenus, répondit M. de Polignac, d'arrêter envers nous-mêmes quel devait être le sort ultérieur d'Alger. " Il fut impossible d'en tirer autre chose. Lord Stuart alla trouver le ministre de la Marine, le baron d'Haussez, qui lui fit une réponse énergique, rappelant celle que les Anglais avaient reçue de Cambronne à Waterloo.
LE BARON D'HAUSSEZ (d'après Grévedon).
Un dernier effort fut tenté auprès de Charles X ; dans une audience longue et mouvementée, dont plusieurs contemporains nous ont transmis les échos, lord Stuart se répandit en récriminations et en menaces : " Monsieur l'ambassadeur, répondit le Roi sans s'émouvoir, tout ce que je puis faire pour votre gouvernement, c'est de n'avoir pas écouté ce que je viens d'entendre. "
 
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