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mais Wellington,
jugeant l'entreprise périlleuse, préféra laisser la France
s'y engager, persuadé qu'elle n'en viendrait pas à bout. On
essaya alors de faire intervenir la Turquie en la pressant de
réduire à l'obéissance son vassal rebelle. Pris entre les
ambassadeurs de France et d'Angleterre, le général
Guilleminot et sir Robert Gordon, les Turcs se décidèrent à
envoyer à Alger l'amiral Taher-Pacha, ancien commandant de la
flotte ottomane à Navarin : " Si tu réussis, lui dit le
grand-vizir, tu auras les trois queues, sinon ta tête
tombera. " |
Cette alternative engagea Taher à ne pas se presser. Il
s'arrangea pour arriver trop tard, lorsque l'expédition
française était déjà en route; l'escadre du blocus
l'empêcha d'entrer à Alger et l'envoya à Toulon sous
escorte.
En France même, l'Angleterre essayait d'intimider le
gouvernement et d'obtenir de lui des engagements précis pour
l'avenir : " Prévenez Polignac, écrivait Wellington,
que tout ce que nous laisserons faire sera quelque chose
d'analogue au bombardement de 1816, à moins que, par une
communication officielle, Sa Majesté Très Chrétienne
s'engage à ne pas établir l'influence française dans ce
pays. " On répondit que le mieux serait de traiter
l'affaire avec toutes les puissances lorsque Alger serait en
notre pouvoir.
Pendant cinq mois, les efforts de l'Angleterre pour obtenir de
nous des engagements qui nous auraient retiré tout le
bénéfice de l'expédition se heurtèrent à une fin de
non-recevoir: " Nous nous sommes abstenus, répondit M.
de Polignac, d'arrêter envers nous-mêmes quel devait être
le sort ultérieur d'Alger. " Il fut impossible d'en
tirer autre chose. Lord Stuart alla trouver le ministre de la
Marine, le baron d'Haussez, qui lui fit une réponse
énergique, rappelant celle que les Anglais avaient reçue de
Cambronne à Waterloo. |
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Un dernier effort fut
tenté auprès de Charles X ; dans une audience longue et
mouvementée, dont plusieurs contemporains nous ont transmis
les échos, lord Stuart se répandit en récriminations et en
menaces : " Monsieur l'ambassadeur, répondit le Roi sans
s'émouvoir, tout ce que je puis faire pour votre
gouvernement, c'est de n'avoir pas écouté ce que je viens
d'entendre. " |
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