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  LES DÉBUTS ET LES HÉSITATIONS (1830-1834).  
     
   il mourut quelques jours après des suites de l'émotion qu'il avait éprouvée. Le dey cependant accepta les conditions qui lui étaient imposées. Le 5 juillet au matin, la capitulation fut signée. En voici le texte
1° Le fort de la Casaubah, tous les autres forts qui dépendent d'Alger et le port, de cette ville seront remis aux troupes françaises le 5 juillet à midi;
2° Le général en chef de l'armée française s'engage envers Son Altesse le dey d'Alger à lui laisser la liberté et la possession de ce qui lui appartient personnellement;
3° Le dey sera libre de se retirer avec sa famille et ce qui lui appartient dans le lieu qu'il fixera et, tant qu'il restera à Alger, il y sera, lui et toute sa famille, sous la protection du général en chef de l'armée française; une garde garantira la sûreté de sa personne et celle de sa famille;
4° Le général en chef assure à tous les soldats de la milice les mêmes avantages et la même protection;
5° L'exercice de la religion mahométane restera libre; la liberté de toutes les classes, leur religion, leur commerce et leur industrie ne recevront aucune atteinte, leurs femmes seront respectées; le général en chef en prend l'engagement sur l'honneur;
6° L'échange de cette convention sera faite le 5 avant midi. Les troupes françaises entreront aussitôt après dans la Casaubah et successivement dans tous les autres forts de la ville et de la marine.
Ainsi, le drapeau français remplaçait désormais le pavillon des Barbaresques sur les murs d'Alger la guerrière. Les soldats vêtus de rouge, qui, d'après d'anciennes prédictions, devaient mettre fin à l'existence de la Régence, entrèrent dans la cité des pirates par la Porte-Neuve. Cette entrée ne se fit pas sans quelque désordre et manqua de solennité. Les voies étaient encombrées et l'état-major n'avait pas donné ses instructions en temps voulu. Le général Lahitte pénétra d'abord avec deux compagnies d'artillerie. Peu après, Bourmont fit son entrée à la tête du 6e de ligne. Le quartier général fut établi à la Kasba, que le dey avait quittée et que les indigènes commençaient à piller.
La Kasba, dont l'imagination française avait fait un palais féerique, apparut en réalité comme une habitation à peine tolérable. Les appartements du dey et de ses femmes étaient si sales et si infestés d'insectes, qu'il fallut les passer à la chaux pour s'en débarrasser. Des marchandises de toute espèce, provenant des prélèvements de la Régence sur les cargaisons, étaient entassées dans les magasins. Le Khasnadji donna les clefs des salles qui renfermaient le Trésor de la Régence, mais déclara qu'aucun registre n'en indiquait le montant, ce qui était faux.
 
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