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Il donna l'investiture au bey du
Titteri, Mustapha-bou-Mezrag, qui signa une déclaration par
laquelle il reconnaissait le roi de France pour son
souverain, lui rendait hommage et s'engageait à lui payer
les tributs coutumiers.
Mais Mustapha ne tint pas ses promesses et ne tarda pas à
se tourner contre nous. Le bey d'Oran, Hassan, était bien
disposé en notre faveur, mais il était assiégé par les
indigènes et sollicitait l'appui des troupes françaises.
Mers-el-Kébir et Oran furent occupés sans résistance.
Une expédition fut envoyée à Bône, où Damrémont prit
possession de la Kasba et de la ville : « On a lieu de
croire, écrivait Bourmont, que l'occupation de Bône
décidera le bey de Constantine à se soumettre et qu'il
demandera à traiter aux mêmes conditions que le bey de
Titteri. » En fait, les villes où était établie la
domination turque paraissaient disposées à accepter notre
souveraineté, mais, derrière les Turcs, nous ne devions
pas tarder à découvrir les indigènes des tribus,
montagnards ou nomades, cultivateurs ou pasteurs, Kabyles ou
Arabes, autrement redoutables et résistants, sur lesquels
il fallut conquérir le pays.
L'expédition de Blida mit en lumière notre situation
véritable. Bourmont crut qu'il était utile de montrer que
les troupes françaises ne craignaient pas de s'éloigner du
littoral, et, bien qu'on l'eût averti du danger, voulut
s'avancer jusqu'à Blida, située à environ 48 kilomètres
d'Alger, au delà de la plaine de la Mitidja, au pied de
l'Atlas et entourée de populations kabyles. Tout alla bien
à l'aller, mais lorsqu'on voulut revenir sur ses pas, les
Kabyles se ruèrent sur la colonne et lui firent éprouver
des pertes assez sérieuses. L'échec de Blida, encore
aggravé par l'évacuation de Bône et d'Oran, qui suivit de
près leur occupation, montra que nous n'étions pas
invulnérables. Ce fut un premier avertissement qui nous
montra que la destruction de la domination turque ne nous
rendait nullement maîtres de la Régence. La prise d'Alger
était un fait accompli : la guerre d'Afrique commençait.
La nouvelle de la révolution de 1830 parvint à Alger le 11
août, d'abord par un bateau marchand apportant à Jacob
Bakri une lettre d'un de ses correspondants de Marseille,
puis par un navire de guerre. |
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