Il fut convenu avec Duperré que
l'armée navale et l'armée de terre quitteraient ensemble
leurs couleurs et un ordre du jour du 16 août leur prescrivit
de substituer la cocarde et le pavillon tricolores à la
cocarde et au pavillon blancs. Le 2 septembre, le général
Clauzel arriva à Alger à bord de l'Algésiras; le
maréchal de Bourmont lui remit le commandement et fit ses
adieux à l'armée.
Bourmont s'embarqua le lendemain. Il avait demandé à
l'amiral Duperré un bâtiment de guerre pour quitter
l'Afrique; ce bâtiment lui fut refusé. Il dut noliser à ses
frais un petit brick de commerce autrichien et partit avec
deux de ses fils. Son bagage était si minime que deux Maures
suffirent à le porter. Un petit coffret renfermant le cœur
de son fils tué pendant la campagne était le seul trésor
qu'il emportât d'Alger. Un seul officier encore obscur
l'accompagna presque seul jusqu'au bord de la mer; ce
courtisan du malheur s'appelait La Moricière.
" Il faut rendre cette justice au maréchal de
Bourmont, dit Raynal, qu'il était impossible de se conduire
avec plus de prudence et de modération qu'il ne l'a fait
lorsque la nouvelle des événements de Juillet est venue
frapper l'armée d'étonnement. |