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  LES DÉBUTS ET LES HÉSITATIONS (1830-1834).  
     
  

III

 

LA MONARCHIE DE JUILLET ET L'ALGÉRIE

 
Les relations diplomatiques de la France avec les puissances européennes se trouvèrent profondément modifiées par la révolution de Juillet. Le gouvernement de Charles X, bien vu de la plupart des souverains de l'Europe, se trouvait en bonne posture pour résister aux objections et aux menaces de l'Angleterre. Après 1830, la Sainte-Alliance se reforme contre la France; le tsar Nicolas, qui avait poussé la France à entreprendre la campagne d'Alger, refusait de reconnaître Louis-Philippe; en Autriche, Metternich faisait appel à la solidarité des souverains contre l'esprit révolutionnaire; en Prusse, Frédéric-Guillaume II était animé des plus mauvais sentiments à l'égard de la France.
Le roi Louis-Philippe était suspect aux vieilles monarchies par ce que le tsar appelait " une usurpation de famille ". Déjà, en 1815, les souverains avaient écarté le duc d'Orléans, dont l'accession au trône aurait créé pour eux-mêmes un précédent redoutable et inquiétant. Les scènes tragiques de Juillet n'étaient pas pour les faire changer d'opinion. Le nouveau gouvernement se trouva donc rejeté du côté de l'Angleterre. Mais cette puissance n'allait-elle pas mettre comme condition à son bon vouloir l'évacuation d'Alger? Le duc de Wellington y songea: " Sachons profiter de l'occasion, écrivait-il à lord Aberdeen, et hâtons-nous de régler toutes nos difficultés avec la France. " Le gouvernement eût été jusqu'à un certain point excusable de faire la part du feu en abandonnant notre conquête récente; il faut lui savoir gré de ne pas avoir cédé à la tentation. Si la Restauration a eu le mérite d'envoyer nos soldats à Alger, la monarchie de Juillet a eu celui de les y maintenir.
Le rôle personnel du roi Louis-Philippe en cette affaire fut considérable. Il défendit la jeune France africaine contre les jalousies du dehors et les préventions du dedans. La guerre d'Afrique fut, comme on l'a dit, le roman militaire de la monarchie bourgeoise, le rayon d'idéal dans une époque assez terne. Pour mieux marquer l'importance qu'il assignait à l'Algérie dans les destinées nationales, il y envoya successivement tous ses fils, le duc d'Orléans, le duc de Nemours, le prince de Joinville, le duc d'Aumale, dont les noms sont indissolublement liés à l'histoire de la conquête. Sans appui dans le Parlement, mal servi par ses ministres et ses ambassadeurs, abandonné par l'Europe, il finit par triompher de l'Angleterre et de sa mauvaise volonté.
 
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