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III |
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LA MONARCHIE DE
JUILLET ET L'ALGÉRIE |
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Les relations diplomatiques de la
France avec les puissances européennes se trouvèrent
profondément modifiées par la révolution de Juillet. Le
gouvernement de Charles X, bien vu de la plupart des
souverains de l'Europe, se trouvait en bonne posture pour
résister aux objections et aux menaces de l'Angleterre.
Après 1830, la Sainte-Alliance se reforme contre la France;
le tsar Nicolas, qui avait poussé la France à entreprendre
la campagne d'Alger, refusait de reconnaître Louis-Philippe;
en Autriche, Metternich faisait appel à la solidarité des
souverains contre l'esprit révolutionnaire; en Prusse,
Frédéric-Guillaume II était animé des plus mauvais
sentiments à l'égard de la France.
Le roi Louis-Philippe était suspect aux vieilles monarchies
par ce que le tsar appelait " une usurpation de famille
". Déjà, en 1815, les souverains avaient écarté le
duc d'Orléans, dont l'accession au trône aurait créé pour
eux-mêmes un précédent redoutable et inquiétant. Les
scènes tragiques de Juillet n'étaient pas pour les faire
changer d'opinion. Le nouveau gouvernement se trouva donc
rejeté du côté de l'Angleterre. Mais cette puissance
n'allait-elle pas mettre comme condition à son bon vouloir
l'évacuation d'Alger? Le duc de Wellington y songea: "
Sachons profiter de l'occasion, écrivait-il à lord Aberdeen,
et hâtons-nous de régler toutes nos difficultés avec la
France. " Le gouvernement eût été jusqu'à un certain
point excusable de faire la part du feu en abandonnant notre
conquête récente; il faut lui savoir gré de ne pas avoir
cédé à la tentation. Si la Restauration a eu le mérite
d'envoyer nos soldats à Alger, la monarchie de Juillet a eu
celui de les y maintenir.
Le rôle personnel du roi Louis-Philippe en cette affaire fut
considérable. Il défendit la jeune France africaine contre
les jalousies du dehors et les préventions du dedans. La
guerre d'Afrique fut, comme on l'a dit, le roman militaire de
la monarchie bourgeoise, le rayon d'idéal dans une époque
assez terne. Pour mieux marquer l'importance qu'il assignait
à l'Algérie dans les destinées nationales, il y envoya
successivement tous ses fils, le duc d'Orléans, le duc de
Nemours, le prince de Joinville, le duc d'Aumale, dont les
noms sont indissolublement liés à l'histoire de la
conquête. Sans appui dans le Parlement, mal servi par ses
ministres et ses ambassadeurs, abandonné par l'Europe, il
finit par triompher de l'Angleterre et de sa mauvaise
volonté. |
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