Page précédente HISTOIRE DES COLONIES FRANÇAISES - Tome2 - Retour page Table des matières ALGÉRIE - LIVRE II  - CHAP. 1 Page suivante
  LES DÉBUTS ET LES HÉSITATIONS (1830-1834).  
     
   A Alger, le consul Saint-John gardait toute la confiance de son gouvernement et ne changeait rien à son attitude: " Il est animé à notre égard, disait le général Sébastiani, d'une évidente malveillance, il semble se plaire à susciter des embarras à nos généraux. " Il ne cessait de répéter aux indigènes que notre occupation était provisoire, que l'Angleterre s'opposerait à notre maintien en Afrique et il entretenait parmi les musulmans le secret espoir d'une évacuation prochaine. Il s'attachait à surveiller et à dénaturer tous les actes de l'autorité française. La nouvelle de la révolution de Juillet et de la désorganisation qui s'ensuivit le remplirent de joie. Il aurait voulu que l'Angleterre profitât des circonstances pour récolter ce que nous avions semé: 

" Comme je serais heureux, écrivait-il, si vous pouviez mettre la main sur ce pays! Je vois clairement maintenant que nous pourrions le coloniser et que nous en tirerions d'immenses bénéfices. La principale difficulté est de faire comprendre aux indigènes les avantages qu'ils tireront d'un établissement européen. Or, les Français en sont et en resteront toujours incapables, tandis que notre caractère, qui est bien connu jusqu'aux extrémités de la Régence, nous concilie toutes les populations. " L'Angleterre ferma l'oreille aux insinuations de son fougueux représentant, qui sembla se résigner, mais demeura prêt à profiter de toutes les circonstances.

Malgré ses préoccupations européennes, malgré l'entente cordiale, le gouvernement britannique se garda de rien dire ou faire qui pût comporter de sa part une reconnaissance tacite de notre occupation. Le langage des ministres français était soigneusement surveillé. Au début de 1832, Casimir-Périer ayant déclaré que notre occupation militaire serait maintenue à Alger, lord Londonderry en profita pour interpeller le ministère. L'année suivante, le maréchal Soult ayant dit " qu'il n'y avait aucun engagement pris avec les puissances à l'égard d'Alger, que nous pourrions faire à Alger ce que nous voudrions, que les mesures prises par le gouvernement et les crédits militaires qu'il demandait rendaient peu vraisemblable une évacuation du pays ", lord Grey se plaignit directement à Talleyrand, qui recommanda la prudence. En 1834, M. Stanley, ministre des Colonies, répondant à une interpellation de sir Robert Peel, maintenait que l'Angleterre n'acceptait pas la prise de possession d'Alger par la France. En 1838, lord Palmerston reparla encore des droits de la Porte sur l'ancienne Régence et déclara que la France n'y exerçait qu'une simple occupation militaire : " La France, on doit le savoir, répondit le comte Molé, ne transigera jamais. La question de nos droits sur Alger est une question jugée depuis longtemps et sur laquelle il n'y a pas à revenir. " Palmerston dit à notre ambassadeur qu'il ne fallait pas donner à cette discussion plus d'importance qu'elle n'en avait :

 
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