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  LES DÉBUTS ET LES HÉSITATIONS (1830-1834).  
     
  
" Votre gouvernement, ajouta-t-il, peut être convaincu que la possession d'Alger ne deviendra jamais entre lui et le ministère dont je fais partie l'occasion ou même le prétexte d'un conflit sérieux. "
Les protestations de l'Angleterre prirent un caractère de plus en plus atténué, de plus en plus platonique. M. Saint-John continua longtemps à bouder; en 1839 encore, au moment du voyage du duc d'Orléans, il présenta le corps consulaire sans aucun compliment, se bornant à dire les noms et les titres de ses collègues. C'est seulement en 1851 que la Grande-Bretagne, en demandant l'exequatur pour le consul qui succédait à Saint-John, reconnut ainsi la légitimité de notre occupation.

LE PARLEMENT ET L'OPINION

 
Le gouvernement de Juillet, obligé de ménager l'Angleterre, devait par ailleurs tenir compte du Parlement et de l'opinion, peu favorables à l'entreprise africaine. L'Algérie naissante rencontrait en France plus d'adversaires que de partisans. Au Parlement, chaque année, au moment de la discussion du budget et surtout des crédits extraordinaires, les députés se plaignaient des dépenses à leur avis excessives qu'entraînait une conquête inutile et demandaient l'évacuation. M. Desjobert, le plus résolu des adversaires de l'Algérie, s'était fait une spécialité de la combattre, déclarant qu'elle était pour la France une cause de faiblesse, que l'argent qu'on y gaspillait serait beaucoup mieux employé en France même et que les Français étaient d'ailleurs incapables de coloniser.
" On composerait plus de cent volumes, écrivait le général Dubourg en 1836, avec les écrits qui, depuis six ans, ont été publiés sur nos possessions du Nord de l'Afrique. La question est-elle maintenant éclairée? Elle est plus embrouillée que jamais; grâce au besoin irrésistible que nous avons de faire briller notre esprit, à notre passion pour la controverse, on est parvenu à tellement dénaturer une question positive, que beaucoup de personnes bien intentionnées en sont venues à penser que peut-être il serait plus avantageux d'abandonner Alger, puisque nous ne savons pas en tirer parti. "
Toutes ces dissertations sur l'Algérie et sur son avenir ne méritent guère de retenir l'attention; si çà et là on y trouve une idée juste, c'est bien par hasard; les auteurs en général ignorent complètement les données du problème. Parmi ces brochures, une des plus lues fut celle de Maurice Allard, intitulée Considérations sur la difficulté de coloniser la Régence d'Alger. On y trouve presque tous les arguments qui seront repris pendant plusieurs années par les adversaires de la colonisation algérienne et par l'opposition. Par qui faire cultiver ce pays?
 
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