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" Votre gouvernement,
ajouta-t-il, peut être convaincu que la possession d'Alger ne
deviendra jamais entre lui et le ministère dont je fais
partie l'occasion ou même le prétexte d'un conflit sérieux.
"
Les protestations de l'Angleterre prirent un caractère de
plus en plus atténué, de plus en plus platonique. M.
Saint-John continua longtemps à bouder; en 1839 encore, au
moment du voyage du duc d'Orléans, il présenta le corps
consulaire sans aucun compliment, se bornant à dire les noms
et les titres de ses collègues. C'est seulement en 1851 que
la Grande-Bretagne, en demandant l'exequatur pour le consul
qui succédait à Saint-John, reconnut ainsi la légitimité
de notre occupation. |
LE PARLEMENT ET L'OPINION |
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Le gouvernement de Juillet,
obligé de ménager l'Angleterre, devait par ailleurs tenir
compte du Parlement et de l'opinion, peu favorables à
l'entreprise africaine. L'Algérie naissante rencontrait en
France plus d'adversaires que de partisans. Au Parlement,
chaque année, au moment de la discussion du budget et surtout
des crédits extraordinaires, les députés se plaignaient des
dépenses à leur avis excessives qu'entraînait une conquête
inutile et demandaient l'évacuation. M. Desjobert, le plus
résolu des adversaires de l'Algérie, s'était fait une
spécialité de la combattre, déclarant qu'elle était pour
la France une cause de faiblesse, que l'argent qu'on y
gaspillait serait beaucoup mieux employé en France même et
que les Français étaient d'ailleurs incapables de coloniser.
" On composerait plus de cent volumes, écrivait le
général Dubourg en 1836, avec les écrits qui, depuis six
ans, ont été publiés sur nos possessions du Nord de
l'Afrique. La question est-elle maintenant éclairée? Elle
est plus embrouillée que jamais; grâce au besoin
irrésistible que nous avons de faire briller notre esprit, à
notre passion pour la controverse, on est parvenu à tellement
dénaturer une question positive, que beaucoup de personnes
bien intentionnées en sont venues à penser que peut-être il
serait plus avantageux d'abandonner Alger, puisque nous ne
savons pas en tirer parti. "
Toutes ces dissertations sur l'Algérie et sur son avenir ne
méritent guère de retenir l'attention; si çà et là on y
trouve une idée juste, c'est bien par hasard; les auteurs en
général ignorent complètement les données du problème.
Parmi ces brochures, une des plus lues fut celle de Maurice
Allard, intitulée Considérations sur la difficulté de
coloniser la Régence d'Alger. On y trouve presque tous les
arguments qui seront repris pendant plusieurs années par les
adversaires de la colonisation algérienne et par
l'opposition. Par qui faire cultiver ce pays? |
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