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La traite des noirs est
supprimée, les Européens ne s'acclimateront pas, les
indigènes sont indomptables. Le pays est d'ailleurs pauvre;
ni les cultures européennes, ni les cultures tropicales n'y
rencontrent de bonnes conditions : " Hâtons-nous,
conclut l'auteur, de renverser dans le port d'Alger les
fortifications de cette ville barbare, et que désormais nul
vaisseau ne puisse y trouver un abri; ramenons en France cette
armée qu'une terre inhospitalière dévorerait en peu de
temps, dont nous pouvons avoir besoin ailleurs et qu'attendent
sur nos fortunés rivages les félicitations et les honneurs
de la patrie. n Les plaidoyers des partisans de la
colonisation, des colonistes comme on les appelait à cette
époque, insistaient sur les avantages que la France pouvait
retirer de la colonisation de l'Algérie, mais les arguments
qu'ils faisaient valoir ne s'appuyaient que sur des données
bien vagues, parfois même erronées, comme c'était le cas
lorsqu'ils préconisaient les cultures tropicales, canne à
sucre, café, indigo, coton.
Au Parlement, il ne fut question d'Alger ni en 1830, ni en
1831, pas plus à la Chambre des Pairs qu'à la Chambre des
députés. Un premier débat eut lieu en 1832 à propos du
budget de la guerre; le rapporteur, M. Passy, se plaignit des
frais élevés qu'occasionnait le corps d'occupation; le
maréchal Clauzel, M. de Laborde, se prononcèrent en faveur
de la colonisation, les ministres Casimir-Périer et Soult se
montrèrent très réservés. En mars 1833, à propos d'une
demande de crédits supplémentaires, d'éloquents discours
furent encore prononcés, mais sans qu'il en sortît rien de
définitif. |
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IV |
LE PREMIER
GOUVERNEMENT DE CLAUZEL |
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Les hésitations de l'opinion
publique et du gouvernement lui-même se traduisirent,
jusqu'à l'arrivée de Bugeaud, par l'instabilité des chefs
de la colonie. Jusqu'en 1840, en dix ans, l'Algérie changea
neuf fois de chef ; elle vit passer successivement Clauzel (12
août 1830), Berthezène (31 janvier 1831), Rovigo (6
décembre 1831), Voirol (29 avril 1833), Drouet d'Erlon (27
juillet 1834), de nouveau Clauzel (8 juillet 1835), Damrémont
(12 février 1837), enfin Bugeaud (29 décembre 1840), sans
compter les intérimaires comme Avizard, Rapatel, Négrier,
Schramm. Chacun de ces hommes avait ses idées, dont la
principale était en général de prendre le contre-pied de ce
qu'avait fait son prédécesseur. Il y avait parmi eux des
incapables, des médiocres, des hommes manifestement
au-dessous de leur tâche; il y eut aussi des hommes de grande
valeur, mais auxquels le temps manqua pour faire oeuvre utile. |
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