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Le maréchal Gérard lui
répondit le 30 octobre 1830 par une longue lettre dans
laquelle il lui traçait la politique à suivre; dès les
premiers mots, le ministre annonçait la résolution du
gouvernement de ne pas abandonner notre conquête. Clauzel
devait se proposer un triple but: garder Alger, donner au pays
une administration, favoriser la colonisation. Ce sont ces
instructions qu'invoquait plus tard Clauzel quand on lui
reprochait d'avoir outrepassé ses pouvoirs : " Je ne
pouvais prévoir, disait-il, que quelques mois après on
essaierait de prétendre que j'avais eu tort de préjuger la
question de l'occupation définitive. " C'était Gérard
qui s'était engagé à soutenir les projets de Clauzel et lui
avait écrit pour le féliciter de ses projets de colonisation
; mais, dès le mois de novembre 1830, il était remplacé au
ministère de la Guerre par le maréchal Soult. Aussitôt
l'attitude du gouvernement change, les tergiversations et les
tâtonnements recommencent. Dès le mois de janvier 1831,
Clauzel est offert en holocauste à l'entente cordiale et son
second gouvernement, en 1836, coïncidera précisément avec
le moment où cette entente se desserrera. |
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L'EXPÉDITION DE
MÉDÉA |
Clauzel, à son arrivée, trouva
l'armée en fort mauvais état. Les soldats bivouaquaient pour
la plupart en rase campagne, sans aucun objet de literie.
Quelques-uns étaient logés dans les villas mauresques
abandonnées par leurs propriétaires et réquisitionnées par
l'intendance; ils y commettaient des actes de vandalisme,
brûlant les bois sculptés, coupant les arbres, dévastant
les jardins. L'alimentation était insuffisante; les farines
qui venaient de France arrivaient en partie avariées. L'état
sanitaire était fort mauvais, le nombre des malades très
élevé, la dysenterie et la fièvre paludéenne sévissaient.
Au point de vue moral, l'armée, inactive, sans distractions
d'aucune sorte, était gagnée par la nostalgie. Elle était
bloquée dans ses cantonnements par les indigènes, qui
faisaient une guerre sourde d'attentats individuels; tous ceux
qui s'aventuraient au delà des avant-postes étaient
massacrés.
Clauzel n'était pas homme à se laisser enfermer dans Alger.
Il occupa d'abord les débouchés des routes qui d'Alger
conduisent à la plaine de la Mitidja, plaçant un poste à
Maison-Carrée (Bordj-el-Harrach), et un autre à la
Ferme-Modèle (Haouch-Hassan-Pacha). Le bey du Titteri,
Mustapha-bou-Merzag, qui s'était révolté avant même le
départ de Bourmont, prétendait qu'il allait venir avec 200
000 hommes nous jeter à la mer. Clauzel le destitua, le
remplaça par un Maure d'Alger, Mustapha-ben-El-Hadj-Omar, et
forma une colonne forte de 7 000 hommes pour aller installer
le nouveau bey à Médéa. Après avoir laissé quelques
troupes à Blida, on franchit l'Atlas au col de Mouzaïa,
malgré la résistance de l'ennemi : |
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