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  LES DÉBUTS ET LES HÉSITATIONS (1830-1834).  
     
  
Le maréchal Gérard lui répondit le 30 octobre 1830 par une longue lettre dans laquelle il lui traçait la politique à suivre; dès les premiers mots, le ministre annonçait la résolution du gouvernement de ne pas abandonner notre conquête. Clauzel devait se proposer un triple but: garder Alger, donner au pays une administration, favoriser la colonisation. Ce sont ces instructions qu'invoquait plus tard Clauzel quand on lui reprochait d'avoir outrepassé ses pouvoirs : " Je ne pouvais prévoir, disait-il, que quelques mois après on essaierait de prétendre que j'avais eu tort de préjuger la question de l'occupation définitive. " C'était Gérard qui s'était engagé à soutenir les projets de Clauzel et lui avait écrit pour le féliciter de ses projets de colonisation ; mais, dès le mois de novembre 1830, il était remplacé au ministère de la Guerre par le maréchal Soult. Aussitôt l'attitude du gouvernement change, les tergiversations et les tâtonnements recommencent. Dès le mois de janvier 1831, Clauzel est offert en holocauste à l'entente cordiale et son second gouvernement, en 1836, coïncidera précisément avec le moment où cette entente se desserrera.
 

L'EXPÉDITION DE MÉDÉA

Clauzel, à son arrivée, trouva l'armée en fort mauvais état. Les soldats bivouaquaient pour la plupart en rase campagne, sans aucun objet de literie. Quelques-uns étaient logés dans les villas mauresques abandonnées par leurs propriétaires et réquisitionnées par l'intendance; ils y commettaient des actes de vandalisme, brûlant les bois sculptés, coupant les arbres, dévastant les jardins. L'alimentation était insuffisante; les farines qui venaient de France arrivaient en partie avariées. L'état sanitaire était fort mauvais, le nombre des malades très élevé, la dysenterie et la fièvre paludéenne sévissaient. Au point de vue moral, l'armée, inactive, sans distractions d'aucune sorte, était gagnée par la nostalgie. Elle était bloquée dans ses cantonnements par les indigènes, qui faisaient une guerre sourde d'attentats individuels; tous ceux qui s'aventuraient au delà des avant-postes étaient massacrés.
Clauzel n'était pas homme à se laisser enfermer dans Alger. Il occupa d'abord les débouchés des routes qui d'Alger conduisent à la plaine de la Mitidja, plaçant un poste à Maison-Carrée (Bordj-el-Harrach), et un autre à la Ferme-Modèle (Haouch-Hassan-Pacha). Le bey du Titteri, Mustapha-bou-Merzag, qui s'était révolté avant même le départ de Bourmont, prétendait qu'il allait venir avec 200 000 hommes nous jeter à la mer. Clauzel le destitua, le remplaça par un Maure d'Alger, Mustapha-ben-El-Hadj-Omar, et forma une colonne forte de 7 000 hommes pour aller installer le nouveau bey à Médéa. Après avoir laissé quelques troupes à Blida, on franchit l'Atlas au col de Mouzaïa, malgré la résistance de l'ennemi :
 
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