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" Soldats ! s'écriait
Clauzel dans sa proclamation, les feux de vos bivouacs, qui,
des cimes de l'Atlas, semblent dans ce moment se confondre
avec la lumière des étoiles, annoncent à l'Afrique la
victoire que vous achevez de remporter sur ses fanatiques et
barbares défenseurs et le sort qui les attend. Vous avez
combattu comme des géants et la victoire vous est restée.
Vous êtes, soldats, de la race des braves, et les véritables
émules de la Révolution et de l'Empire. " Proclamation
un peu emphatique, dans laquelle Clauzel s'efforçait
évidemment d'imiter le style du grand Empereur, mais qui
empruntait néanmoins aux circonstances une véritable
grandeur.
Le 22 novembre, l'armée entra à Médéa. On y laissa les
zouaves et deux bataillons de ligne, qui furent bientôt
attaqués par les indigènes avec une véritable furie.
Ben-Omar ne sut rien organiser et le général Danlion placé
auprès de lui n'était pas capable de le guider. La
réduction des effectifs de l'armée d'Afrique força bientôt
Clauzel à abandonner Médéa, qui fut évacué le 4 janvier
1831. |
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LA QUESTION DES
EFFECTIFS |
Les menaces de guerres qui
pesaient à ce moment sur l'Europe eurent pour résultat de
faire rappeler en France la plus grande partie du corps
d'occupation. On pensa qu'il n'était pas nécessaire de
garder à Alger l'armée de 30 000 hommes dont on avait eu
besoin pour s'emparer de la ville et Clauzel reçut mission de
renvoyer tous les bataillons qui ne seraient pas absolument
indispensables. Restait à fixer le chiffre du contingent à
laisser en Afrique. Clauzel a varié sur ce point; au début,
il pensait qu'il suffirait de 10 000 hommes auxquels seraient
adjointes quelques troupes indigènes; plus tard, lorsqu'il
connut mieux les dispositions des populations musulmanes, il
demanda 15 000 hommes. Or, à mesure qu'il demandait
davantage, le ministre accordait moins. Soult parlait de ne
plus laisser que 8 000 hommes : " Pressez, écrivait-il,
le départ de toutes les troupes qui ne sont pas
rigoureusement indispensables. La situation s'aggrave en
Europe. Ce n'est pas que la guerre soit imminente, mais toutes
les puissances font des armements en donnant comme raison les
affaires de Belgique et le roi est obligé de prendre des
mesures en conséquence." Clauzel insistait en sens
inverse: "Dans l'intérêt de la France, répondait-il,
je dois vous dire que vous laissez trop peu de troupes à
Alger; elles seront insultées impunément et déconsidérées
aux yeux des habitants et à leurs propres yeux, comme lorsque
j'ai pris le commandement de l'armée, et je m'abstiendrai
d'en exposer les conséquences. " Les deux tiers de
l'armée d'Afrique furent néanmoins rapatriés.
Clauzel comptait remplacer une partie des effectifs français
par des troupes indigènes. Bourmont y avait déjà songé. |
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