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  LES DÉBUTS ET LES HÉSITATIONS (1830-1834).  
     
  
" Soldats ! s'écriait Clauzel dans sa proclamation, les feux de vos bivouacs, qui, des cimes de l'Atlas, semblent dans ce moment se confondre avec la lumière des étoiles, annoncent à l'Afrique la victoire que vous achevez de remporter sur ses fanatiques et barbares défenseurs et le sort qui les attend. Vous avez combattu comme des géants et la victoire vous est restée. Vous êtes, soldats, de la race des braves, et les véritables émules de la Révolution et de l'Empire. " Proclamation un peu emphatique, dans laquelle Clauzel s'efforçait évidemment d'imiter le style du grand Empereur, mais qui empruntait néanmoins aux circonstances une véritable grandeur.
Le 22 novembre, l'armée entra à Médéa. On y laissa les zouaves et deux bataillons de ligne, qui furent bientôt attaqués par les indigènes avec une véritable furie. Ben-Omar ne sut rien organiser et le général Danlion placé auprès de lui n'était pas capable de le guider. La réduction des effectifs de l'armée d'Afrique força bientôt Clauzel à abandonner Médéa, qui fut évacué le 4 janvier 1831.
 

LA QUESTION DES EFFECTIFS

Les menaces de guerres qui pesaient à ce moment sur l'Europe eurent pour résultat de faire rappeler en France la plus grande partie du corps d'occupation. On pensa qu'il n'était pas nécessaire de garder à Alger l'armée de 30 000 hommes dont on avait eu besoin pour s'emparer de la ville et Clauzel reçut mission de renvoyer tous les bataillons qui ne seraient pas absolument indispensables. Restait à fixer le chiffre du contingent à laisser en Afrique. Clauzel a varié sur ce point; au début, il pensait qu'il suffirait de 10 000 hommes auxquels seraient adjointes quelques troupes indigènes; plus tard, lorsqu'il connut mieux les dispositions des populations musulmanes, il demanda 15 000 hommes. Or, à mesure qu'il demandait davantage, le ministre accordait moins. Soult parlait de ne plus laisser que 8 000 hommes : " Pressez, écrivait-il, le départ de toutes les troupes qui ne sont pas rigoureusement indispensables. La situation s'aggrave en Europe. Ce n'est pas que la guerre soit imminente, mais toutes les puissances font des armements en donnant comme raison les affaires de Belgique et le roi est obligé de prendre des mesures en conséquence." Clauzel insistait en sens inverse: "Dans l'intérêt de la France, répondait-il, je dois vous dire que vous laissez trop peu de troupes à Alger; elles seront insultées impunément et déconsidérées aux yeux des habitants et à leurs propres yeux, comme lorsque j'ai pris le commandement de l'armée, et je m'abstiendrai d'en exposer les conséquences. " Les deux tiers de l'armée d'Afrique furent néanmoins rapatriés.
Clauzel comptait remplacer une partie des effectifs français par des troupes indigènes. Bourmont y avait déjà songé.
 
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