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  LES DÉBUTS ET LES HÉSITATIONS (1830-1834).  
     
  
Les premiers officiers furent les commandants Maumet et Duvivier. Mais le véritable créateur de ce corps d'élite fut le capitaine La Moricière. " Les zouaves, dit le général Azan, prirent dès l'origine l'habitude d'une discipline consentie, faite d'estime et d'affection pour leurs chefs et de camaraderie respectueuse à leur égard; ils s'affranchirent d'eux-mêmes de certains usages consacrés par la routine, simplifièrent le maniement d'armes et usèrent de quelque liberté dans leur habillement. " Cependant le recrutement fut médiocre au début et les désertions nombreuses; au lieu de s'adresser aux Kabyles, on ramassa les indigènes un peu au hasard sur le pavé d'Alger. En janvier 1831, le premier bataillon avait un effectif de 529 hommes et le second de 85, officiers non compris. L'idée, dont Clauzel n'eut pas le temps de poursuivre l'application, devait, on le sait, fructifier plus tard.
 

UN ESSAI DE PROTECTORAT

 
Le territoire de l'ancienne Régence était très étendu ; il paraissait immense à des hommes déshabitués des grandes entreprises coloniales. Si audacieux que fût Clauzel, il sentait bien qu'il ne pourrait, avec les faibles troupes dont il disposait, imposer partout l'autorité de la France. Cependant il y avait urgence à ne pas laisser prescrire ou contester nos droits ; d'où un essai de protectorat, de " pénétration pacifique ", c'est le terme même dont se sert Clauzel dans une lettre à Gérard pour qualifier sa tentative d'utilisation des princes tunisiens.
Afin de soulager le gouvernement d'une partie du fardeau de l'occupation tout. en établissant la domination française sur toute l'étendue de la Régence, Clauzel proposait que la France se réservât seulement l'administration directe de la province d'Alger; les provinces de Constantine et d'Oran seraient deux États protégés, où la France placerait par délégation deux princes musulmans appartenant à la famille beylicale de Tunis. " Les Tunisiens, disait Clauzel, sont les plus civilisés des Barbaresques, les princes de la maison régnante surtout. "
A Tunis régnait le bey Hosseïn (1824-1835), grand ami de la France et des Français. En 1827, lorsqu'il avait appris la rupture entre le gouvernement de la Restauration et la Régence d'Alger, il s'était déclaré enchanté des désagréments qui arrivaient à ses voisins, avec lesquels la Tunisie avait toujours eu de mauvais rapports. En 1828, il avait renouvelé à notre consul Mathieu de Lesseps l'assurance de ses sentiments pacifiques. En 1830, MM. Raimbert, ancien agent du Bastion-de-France, d'Aubignosc et Gérardin furent dépêchés à Tunis pour s'assurer des dispositions du bey, qui autorisa la France à se ravitailler dans ses États. Il envoya une mission saluer le général de Bourmont à Alger, avec sans doute le secret espoir, encouragé par M. de Lesseps, qu'on choisirait un membre de sa famille pour remplacer le dey d'Alger.
 
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