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Les premiers officiers furent les
commandants Maumet et Duvivier. Mais le véritable créateur
de ce corps d'élite fut le capitaine La Moricière. "
Les zouaves, dit le général Azan, prirent dès l'origine
l'habitude d'une discipline consentie, faite d'estime et
d'affection pour leurs chefs et de camaraderie respectueuse à
leur égard; ils s'affranchirent d'eux-mêmes de certains
usages consacrés par la routine, simplifièrent le maniement
d'armes et usèrent de quelque liberté dans leur habillement.
" Cependant le recrutement fut médiocre au début et les
désertions nombreuses; au lieu de s'adresser aux Kabyles, on
ramassa les indigènes un peu au hasard sur le pavé d'Alger.
En janvier 1831, le premier bataillon avait un effectif de 529
hommes et le second de 85, officiers non compris. L'idée,
dont Clauzel n'eut pas le temps de poursuivre l'application,
devait, on le sait, fructifier plus tard. |
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UN ESSAI DE
PROTECTORAT |
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Le territoire de l'ancienne
Régence était très étendu ; il paraissait immense à des
hommes déshabitués des grandes entreprises coloniales. Si
audacieux que fût Clauzel, il sentait bien qu'il ne pourrait,
avec les faibles troupes dont il disposait, imposer partout
l'autorité de la France. Cependant il y avait urgence à ne
pas laisser prescrire ou contester nos droits ; d'où un essai
de protectorat, de " pénétration pacifique ",
c'est le terme même dont se sert Clauzel dans une lettre à
Gérard pour qualifier sa tentative d'utilisation des princes
tunisiens.
Afin de soulager le gouvernement d'une partie du fardeau de
l'occupation tout. en établissant la domination française
sur toute l'étendue de la Régence, Clauzel proposait que la
France se réservât seulement l'administration directe de la
province d'Alger; les provinces de Constantine et d'Oran
seraient deux États protégés, où la France placerait par
délégation deux princes musulmans appartenant à la famille
beylicale de Tunis. " Les Tunisiens, disait Clauzel, sont
les plus civilisés des Barbaresques, les princes de la maison
régnante surtout. "
A Tunis régnait le bey Hosseïn (1824-1835), grand ami de la
France et des Français. En 1827, lorsqu'il avait appris la
rupture entre le gouvernement de la Restauration et la
Régence d'Alger, il s'était déclaré enchanté des
désagréments qui arrivaient à ses voisins, avec lesquels la
Tunisie avait toujours eu de mauvais rapports. En 1828, il
avait renouvelé à notre consul Mathieu de Lesseps
l'assurance de ses sentiments pacifiques. En 1830, MM.
Raimbert, ancien agent du Bastion-de-France, d'Aubignosc et
Gérardin furent dépêchés à Tunis pour s'assurer des
dispositions du bey, qui autorisa la France à se ravitailler
dans ses États. Il envoya une mission saluer le général de
Bourmont à Alger, avec sans doute le secret espoir,
encouragé par M. de Lesseps, qu'on choisirait un membre de sa
famille pour remplacer le dey d'Alger. |
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