Le 8 août 1830, il signa avec la France un traité par lequel il
abolissait la course, l'esclavage des chrétiens, restituait à la
France le droit exclusif de la pêche du corail et confirmait les
capitulations.
L'occasion pour Clauzel de mettre ses projets à exécution se
présenta lorsque le bey de Tunis lui envoya une mission composée
d'importants personnages, chargée de le féliciter de sa prise de
commandement. La mission fut reçue à Alger en grande pompe. Les
envoyés offrirent des présents portés par vingt esclaves ayant
chacun une corbeille sur la tête et remirent une lettre du bey dans
laquelle il se déclarait heureux d'avoir Clauzel pour voisin et
assurait qu'il ne ferait rien sans le consulter. " Dites au
Bey, répondit le général, que de mon côté j'espère trouver
pendant la durée de mon commandement l'occasion de montrer mon
affection sincère pour toute sa famille. " On ne négligea
rien pour distraire les Tunisiens, mais on n'oublia pas les affaires
sérieuses.
Un projet de convention fut envoyé à Tunis, approuvé par le bey
et signé à Alger le 18 décembre 1830 par le Saheb Taba ou garde
du sceau beylical. Par cette convention, Sidi-Mustapha, frère du
bey de Tunis, était nommé bey de Constantine. Il devait percevoir
tous les revenus de la province et payer à la France un tribut d'un
million. Clauzel ajouta de sa main : "Qu'il soit bien entendu,
bien compris que le bey de Constantine nommé par moi tiendra ce
beylik aux mêmes conditions et droits que s'il l'avait reçu du dey
d'Alger et qu'il se conformera à tout ce que je jugerais à propos
de prescrire dans l'intérêt du pays en général, du beylik en
particulier et surtout de la France. " Cet article fut accepté
par le bey.
Pour compléter son oeuvre, Clauzel signa, le 6 février 1831, un
arrangement du même genre relatif à la province d'Oran. Ahmed,
appartenant également à la famille régnante de Tunis, neveu du
bey Hosseïn, était nommé bey d'Oran. Les stipulations de la
convention étaient à peu près les mêmes que celles qui
concernaient la province de Constantine; cependant le gouverneur
tunisien d'Oran était placé un peu plus étroitement sous la
tutelle de la France.
Clauzel avait averti le ministre de la Guerre du projet d'accord
concernant Constantine et lui en avait envoyé le texte aussitôt
qu'il avait été conclu. Mais le ministre des Affaires
étrangères, le général Sébastiani, fut très froissé de
n'avoir pas été consulté. Il saisit le Conseil des ministres de
" cette espèce de traité d'où résulrerait la reconnaissance
de certains droits sur le beylik de Constantine en faveur du bey de
Tunis ". Dans une lettre assez sèche au consul de France, il
lui rappela que c'était du ministre des Affaires étrangères seul
qu'il dépendait et de lui seul qu'il devait tenir ses instructions.
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