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Dans un rapport au roi,
Sébastiani se plaignit de ce que cette convention préjugeait
de l'avenir du royaume d'Alger et pouvait amener des
complications avec les puissances européennes. Le 30 janvier,
une décision royale annula le traité; cette décision fut
rendue publique avant même qu'elle eût été communiquée à
Clauzel, ce qui froissa vivement le général. Celui-ci
répondit par une lettre très vive, dans laquelle il
déclarait qu'il s'agissait non d'un traité diplomatique,
mais d'un acte de simple administration qui ne regardait pas
le ministre des Affaires étrangères; il se plaignit de la
publicité donnée aux conventions, alors qu'il avait promis
le secret au bey ; on ne pouvait, disait-il, lui reprocher
d'avoir outrepassé ses pouvoirs, car il avait pleins
pouvoirs. Et il revendiquait fièrement la responsabilité de
son acte.
Le ministre de la Guerre transmit cette lettre à son
collègue, qui assura qu'il n'avait aucune prévention
personnelle contre Clauzel et désavoua la publicité donnée
à l'annulation. Quant à la convention en elle-même, il
reconnaissait qu'elle avait des avantages réels et en
contestait seulement la forme; elle n'aurait pas dû être
signée du général en chef ; il indiquait enfin quelques
modifications à introduire. |
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L 'INTERVENTION
MAROCAINE DANS LA PROVINCE D'ORAN |
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Clauzel avait d'autres sujets de
mécontentement. Dès le début, les affaires du Maroc ont
été constamment mêlées aux affaires de l'Algérie. Après
la chute de la Régence, les habitants de Tlemcen firent appel
au sultan du Maroc, Moulay-Abd-er-Rahman, et lui envoyèrent
une députation, offrant de se ranger sous sa domination et de
lui prêter serment de fidélité. Malgré l'avis contraire
des oulémas de Fès, le sultan se décida à accepter cet
hommage et envoya à Tlemcen son cousin Moulay-Ali avec une
petite garnison. Moulay-Ali fut bien accueilli par les Hadar
de Tlemcen, ainsi que par les tribus de la région de Mascara
et par les Hamyan, mais les Koulouglis et aussi les Douairs et
les Smélas lui refusèrent obéissance.
Clauzel se résolut à agir avec la vigueur qui lui était
ordinaire, sans en référer au gouvernement français. Il
écrivit au consul général de France à Tanger, M. Delaporte,
et envoya au Maroc le colonel Auvray avec un ultimatum
enjoignant à Moulay-Abd-er-Rahman de retirer ses troupes, de
remettre leur chef entre les mains du bey d'Oran et de
rembourser les dégâts commis par ses sujets, sous peine de
représailles et même de blocus de Tanger et de Tétouan, si
satisfaction n'était pas donnée dans les vingt-quatre
heures. Le consul prévint son chef, qui envoya des
instructions plus conciliantes; il affectait de croire qu'il
n'y avait entre la France et le Maroc qu'un simple malentendu
qui serait facile à régler à l'amiable. |
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