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  LES DÉBUTS ET LES HÉSITATIONS (1830-1834).  
     
  
Dans un rapport au roi, Sébastiani se plaignit de ce que cette convention préjugeait de l'avenir du royaume d'Alger et pouvait amener des complications avec les puissances européennes. Le 30 janvier, une décision royale annula le traité; cette décision fut rendue publique avant même qu'elle eût été communiquée à Clauzel, ce qui froissa vivement le général. Celui-ci répondit par une lettre très vive, dans laquelle il déclarait qu'il s'agissait non d'un traité diplomatique, mais d'un acte de simple administration qui ne regardait pas le ministre des Affaires étrangères; il se plaignit de la publicité donnée aux conventions, alors qu'il avait promis le secret au bey ; on ne pouvait, disait-il, lui reprocher d'avoir outrepassé ses pouvoirs, car il avait pleins pouvoirs. Et il revendiquait fièrement la responsabilité de son acte.
Le ministre de la Guerre transmit cette lettre à son collègue, qui assura qu'il n'avait aucune prévention personnelle contre Clauzel et désavoua la publicité donnée à l'annulation. Quant à la convention en elle-même, il reconnaissait qu'elle avait des avantages réels et en contestait seulement la forme; elle n'aurait pas dû être signée du général en chef ; il indiquait enfin quelques modifications à introduire.
 

L 'INTERVENTION MAROCAINE DANS LA PROVINCE D'ORAN

 
Clauzel avait d'autres sujets de mécontentement. Dès le début, les affaires du Maroc ont été constamment mêlées aux affaires de l'Algérie. Après la chute de la Régence, les habitants de Tlemcen firent appel au sultan du Maroc, Moulay-Abd-er-Rahman, et lui envoyèrent une députation, offrant de se ranger sous sa domination et de lui prêter serment de fidélité. Malgré l'avis contraire des oulémas de Fès, le sultan se décida à accepter cet hommage et envoya à Tlemcen son cousin Moulay-Ali avec une petite garnison. Moulay-Ali fut bien accueilli par les Hadar de Tlemcen, ainsi que par les tribus de la région de Mascara et par les Hamyan, mais les Koulouglis et aussi les Douairs et les Smélas lui refusèrent obéissance.
Clauzel se résolut à agir avec la vigueur qui lui était ordinaire, sans en référer au gouvernement français. Il écrivit au consul général de France à Tanger, M. Delaporte, et envoya au Maroc le colonel Auvray avec un ultimatum enjoignant à Moulay-Abd-er-Rahman de retirer ses troupes, de remettre leur chef entre les mains du bey d'Oran et de rembourser les dégâts commis par ses sujets, sous peine de représailles et même de blocus de Tanger et de Tétouan, si satisfaction n'était pas donnée dans les vingt-quatre heures. Le consul prévint son chef, qui envoya des instructions plus conciliantes; il affectait de croire qu'il n'y avait entre la France et le Maroc qu'un simple malentendu qui serait facile à régler à l'amiable.
 
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