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sous ses ordres étaient placés
le directeur de l'Intérieur, M. Cadet de Vaux, le directeur
de la Justice, M. Alexandre Deval, et le directeur des
Finances, M. Fougeroux. M. Caze était adjoint au Comité
comme secrétaire.
Le directeur de l'Intérieur avait de nombreuses attributions,
sur le papier tout au moins, car, l'occupation se bornant à
Alger et à sa banlieue immédiate, il était surtout maire
d'Alger; il avait le titre de Commissaire du Roi près le
Conseil municipal d'Alger, composé de sept Maures et de deux
Juifs et qui, purement consultatif, ne joua en fait aucun
rôle. La direction de la police fut confiée à M. Rolland de
Bussy, qui remplaça dans ces fonctions M. d'Aubignosc.
Le directeur de la Justice, M. Alexandre Deval, ancien
vice-consul à Bône, connaissait l'organisation et les mœurs
des musulmans; on lui adjoignit M. Pillaut-Debit, ancien avoué
de Paris, qui proposa d'introduire toute notre procédure
judiciaire, mais Clauzel s'y refusa absolument. L'idée
maîtresse de l'organisation judiciaire fut de renvoyer chaque
justiciable devant un ou plusieurs juges de sa nationalité :
les musulmans devant les cadis et les muftis, les Israélites
devant les rabbins, les Français devant les juges français,
les étrangers devant leur consul. Ce régime était à peu
près celui que l'édit de 1778 avait donné aux Échelles du
Levant. Les Français non militaires accusés de crimes
devaient être jugés en France. Les délits et les crimes
contre les Français relevaient des Conseils de guerre; les
sentences des cadis et des rabbins, lorsqu'elles entraînaient
la peine capitale, n'étaient exécutoires qu'après
approbation du général en chef.
Le même esprit à la fois réformateur et prudent présida à
l'organisation financière, confiée à l'inspecteur des
finances Fougeroux. Le service des douanes fut rapidement mis
sur pied; les droits étaient faibles, avec un régime de
faveur pour les produits français et une exonération
complète pour les marchandises destinées à l'armée. On
laissa subsister les anciens impôts indigènes et on y ajouta
un droit de patente pour les Européens. Des règles furent
posées pour l'établissement du budget de l'Algérie et un
arrêté établit une démarcation rigoureuse entre les
dépenses militaires et les dépenses civiles, ces dernières,
dans la pensée de Clauzel, devant être équilibrées par les
recettes : c'était déjà le budget spécial, que l'Algérie
devait attendre plus de soixante-dix ans. |
LE DÉPART DE
CLAUZEL |
Survivant de l'épopée
impériale, Clauzel avait évidemment des habitudes d'un autre
âge, qui devaient effarer les ministres du gouvernement de
Juillet. Qu'il s'agisse des princes tunisiens, du Maroc, de
l'administration ou de la colonisation, il veut des
réalisations immédiates, sans attendre de demander ou de
recevoir des instructions. |
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