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  LES DÉBUTS ET LES HÉSITATIONS (1830-1834).  
     
  
sous ses ordres étaient placés le directeur de l'Intérieur, M. Cadet de Vaux, le directeur de la Justice, M. Alexandre Deval, et le directeur des Finances, M. Fougeroux. M. Caze était adjoint au Comité comme secrétaire.
Le directeur de l'Intérieur avait de nombreuses attributions, sur le papier tout au moins, car, l'occupation se bornant à Alger et à sa banlieue immédiate, il était surtout maire d'Alger; il avait le titre de Commissaire du Roi près le Conseil municipal d'Alger, composé de sept Maures et de deux Juifs et qui, purement consultatif, ne joua en fait aucun rôle. La direction de la police fut confiée à M. Rolland de Bussy, qui remplaça dans ces fonctions M. d'Aubignosc.
Le directeur de la Justice, M. Alexandre Deval, ancien vice-consul à Bône, connaissait l'organisation et les mœurs des musulmans; on lui adjoignit M. Pillaut-Debit, ancien avoué de Paris, qui proposa d'introduire toute notre procédure judiciaire, mais Clauzel s'y refusa absolument. L'idée maîtresse de l'organisation judiciaire fut de renvoyer chaque justiciable devant un ou plusieurs juges de sa nationalité : les musulmans devant les cadis et les muftis, les Israélites devant les rabbins, les Français devant les juges français, les étrangers devant leur consul. Ce régime était à peu près celui que l'édit de 1778 avait donné aux Échelles du Levant. Les Français non militaires accusés de crimes devaient être jugés en France. Les délits et les crimes contre les Français relevaient des Conseils de guerre; les sentences des cadis et des rabbins, lorsqu'elles entraînaient la peine capitale, n'étaient exécutoires qu'après approbation du général en chef.
Le même esprit à la fois réformateur et prudent présida à l'organisation financière, confiée à l'inspecteur des finances Fougeroux. Le service des douanes fut rapidement mis sur pied; les droits étaient faibles, avec un régime de faveur pour les produits français et une exonération complète pour les marchandises destinées à l'armée. On laissa subsister les anciens impôts indigènes et on y ajouta un droit de patente pour les Européens. Des règles furent posées pour l'établissement du budget de l'Algérie et un arrêté établit une démarcation rigoureuse entre les dépenses militaires et les dépenses civiles, ces dernières, dans la pensée de Clauzel, devant être équilibrées par les recettes : c'était déjà le budget spécial, que l'Algérie devait attendre plus de soixante-dix ans.

LE DÉPART DE CLAUZEL

Survivant de l'épopée impériale, Clauzel avait évidemment des habitudes d'un autre âge, qui devaient effarer les ministres du gouvernement de Juillet. Qu'il s'agisse des princes tunisiens, du Maroc, de l'administration ou de la colonisation, il veut des réalisations immédiates, sans attendre de demander ou de recevoir des instructions.
 
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