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  LES DÉBUTS ET LES HÉSITATIONS (1830-1834).  
     
  
Il ne craint pas les responsabilités et n'attend pas d'être couvert par son ministre; il va toujours de l'avant. Bien décidé à ne pas abandonner le pays, énergique, entreprenant, s'embarrassant fort peu des formes administratives, il ne voyait que le but à atteindre : rester à Alger et obliger ses camarades du ministère, Sébastiani entre autres, à le suivre bon gré mal gré. Il fut désavoué dans l'affaire tunisienne, désavoué plus brutalement encore dans l'affaire marocaine et c'est ce qui amena sa démission. Le 21 février 1831, il quitta Alger, où il était arrivé le 2 septembre 1830 ; il était donc resté moins de six mois. Il avait fait beaucoup en si peu de temps. Il s'était montré bon général, administrateur avisé, colonisateur ardent. " Il poursuivait d'une volonté énergique, dit Raynal, la colonisation de la Régence. Il semblait avoir consacré à ce but sa vieille gloire militaire, la puissance de son esprit et le reste de sa vie. Les hommes qui s'identifient à ce point avec l'œuvre qu'ils ont acceptée ne sont pas tellement communs qu'il faille, quand on les rencontre, dédaigner leur dévouement. Il avait fait faire un pas énorme à notre domination en établissant dans le pays l'opinion que nous étions fermement résolus à coloniser l'Afrique.

V

LES SUCCESSEURS DE CLAUZEL  - BERTHEZENE

 

Clauzel avait déplu parce que trop actif et trop entreprenant; le ministère chercha pour le remplacer un homme médiocre et choisit Berthezène, qui fut plus docile.
Berthezène n'avait joué sous l'Empire qu'un rôle assez effacé. Tiré de la disponibilité en 1830 pour recevoir le commandement d'une division de l'armée d'Afrique, il avait eu une conduite assez brillante dans l'expédition d'Alger; comme il passait pour libéral, la presse d'opposition avait fait ressortir ses mérites. Lui-même avait un grand fond de vanité; convaincu que son prédécesseur n'avait été qu'un brouillon, il était persuadé qu'il ferait beaucoup mieux que lui; esprit peu ouvert et peu cultivé, il n'avait aucune vue personnelle, croyait tour à tour le dernier qui lui parlait, gardant cependant rancune à ceux qui lui faisaient sentir son infériorité. Son principal soin fut de faire des économies sur ses appointements.
Petites expéditions inopportunes et mal conduites, demi-mesures, imprudences, fautes graves, Berthezène, pendant les quelques mois où il fut général en chef, a tout accumulé. Les Kabyles de l'Atlas de Blida encerclaient la Mitidja et y multipliaient les attentats. Peu de jours après son arrivée, le général entreprit une tournée dans la plaine, emmenant 3 000 hommes.

 
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