Clauzel avait déplu parce que
trop actif et trop entreprenant; le ministère chercha pour le
remplacer un homme médiocre et choisit Berthezène, qui fut
plus docile.
Berthezène n'avait joué sous l'Empire qu'un rôle assez
effacé. Tiré de la disponibilité en 1830 pour recevoir le
commandement d'une division de l'armée d'Afrique, il avait eu
une conduite assez brillante dans l'expédition d'Alger; comme
il passait pour libéral, la presse d'opposition avait fait
ressortir ses mérites. Lui-même avait un grand fond de
vanité; convaincu que son prédécesseur n'avait été qu'un
brouillon, il était persuadé qu'il ferait beaucoup mieux que
lui; esprit peu ouvert et peu cultivé, il n'avait aucune vue
personnelle, croyait tour à tour le dernier qui lui parlait,
gardant cependant rancune à ceux qui lui faisaient sentir son
infériorité. Son principal soin fut de faire des économies
sur ses appointements.
Petites expéditions inopportunes et mal conduites,
demi-mesures, imprudences, fautes graves, Berthezène, pendant
les quelques mois où il fut général en chef, a tout
accumulé. Les Kabyles de l'Atlas de Blida encerclaient la
Mitidja et y multipliaient les attentats. Peu de jours après
son arrivée, le général entreprit une tournée dans la
plaine, emmenant 3 000 hommes.
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