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  LES DÉBUTS ET LES HÉSITATIONS (1830-1834).  
     
  
Huder, qui n'avait pas été atteint par la dépêche de Soult, fut très mal accueilli à Tunis. Le bey déclara impossible d'adhérer aux conditions nouvelles qu'on prétendait lui imposer; il pouvait accepter pour les princes de sa famille la situation de beys indépendants et tributaires, non celle de simples oukil français. Hosseïn finit par dire qu'il ne voulait plus d'aucun arrangement relatif aux deux beylicats, quels que fussent les avantages qu'on pût lui offrir.
La question de savoir si Clauzel avait ou non outrepassé ses pouvoirs nous laisse aujourd'hui assez indifférents. Il est plus intéressant de se demander si les Tunisiens auraient réussi à prendre possession de leurs gouvernements; il est bien vrai, comme le disait Clauzel, que les Tunisiens sont les plus civilisés des Barbaresques, mais il est vrai aussi, comme le remarquait Berthezène, qu'ils sont les plus mauvais soldats du Maghreb. L'affaire avait d'ailleurs été conduite avec trop d'inexpérience pour que ce système de domination indirecte, de protectorat, de pénétration pacifique, pût aboutir. D'autres tentatives du même genre furent faites sous des formes diverses, comme on le verra. Toutes échouèrent et finalement il ne resta plus qu'à conquérir nous-mêmes le pays.
Berthezène n'était pas en état de donner à l'administration civile une impulsion quelque peu vigoureuse. Facilement réduit au silence par ceux que leur position avait familiarisés avec la phraséologie administrative, il prit l'habitude de céder sans discussion, mais non sans rancune. Il avait d'ailleurs de fâcheuses préventions contre la plupart des fonctionnaires qu'avait employés son prédécesseur, en particulier contre Fougeroux ; il les changea pour la plupart. Le Comité de gouvernement prit l'appellation plus modeste de Commission administrative et chaque chef de service se mit à faire de l'administration pour son compte, sans direction d'ensemble ni but commun. L'application du séquestre en particulier se poursuivit dans des conditions déplorables. Elle aurait dû avoir pour effet de protéger les biens des absents ou des bannis et de servir la politique française en plaçant dans la main de l'État des richesses immobilières auxquelles il pouvait légitimement prétendre. Mais la mainmise aussi bien que les restitutions furent opérées sans précautions, sans contrôle, de la manière la plus irrégulière et la plus désordonnée.
 

LE DUC DE ROVIGO (DÉCEMBRE 1831-MARS 1833)

 
Le 23 décembre 1831, Berthezène était officiellement avisé qu'il allait être remplacé par le duc de Rovigo. Le 26, il résignait le commandement entre les mains de son successeur. L'Algérie, qui depuis un an avait déjà eu trois chefs, Bourmont, Clauzel et Berthezène, allait en avoir un quatrième.
 
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