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En outre, le ministère Casimir-Périer, qui avait remplacé le
ministère Laffitte, donna à l'Algérie une organisation nouvelle.
Le gouvernement estima que, s'il avait été nécessaire, dans les
premiers temps qui avaient suivi l'occupation, de laisser réunis
dans une seule main les pouvoirs civils et militaires, il importait
désormais au bien-être de l'établissement que ces pouvoirs
fussent séparés, afin que la justice et l'administration civiles
pussent prendre une marche régulière. En conséquence, la
direction et la surveillance de tous les services civils à Alger,
celle de tous les services financiers, tant en deniers qu'en
matières, et celle de l'administration de la justice étaient
confiées par l'ordonnance royale du 1er décembre 1831 à un
intendant civil, placé sous les ordres immédiats du Président du
Conseil. C'était une sorte de gouverneur civil ou de préfet,
analogue aux intendants coloniaux de l'ancien régime et comme eux
indépendant du gouverneur militaire. Casimir-Périer ne pouvant
faire d'un administrateur civil le chef du gouvernement à Alger et
ne voulant pas le subordonner au commandement militaire, il en fit
un fonctionnaire indépendant, relevant directement de lui. Il
entendait diriger personnellement toutes les affaires de l'Algérie.
Le général en chef conservait seulement, avec ses attributions
militaires, la direction générale de la politique et de la haute
police. Un conseil d'administration était institué, composé du
commandant en chef, de l'intendant civil, du commandant de la
station navale, de l'intendant militaire, de l'inspecteur général
des finances et du directeur des domaines. Une juridiction
criminelle complète fut organisée pour juger les crimes commis par
des Français ou des étrangers; la juridiction des conseils de
guerre fut étendue, modifications assez peu heureuses au système
établi par Clauzel et qui sentaient l'improvisation.
En donnant une sorte d'organisation officielle à la conquête,
qui n'avait jusque là été régie que par des mesures provisoires,
l'ordonnance du ter décembre 1831 constituait le premier acte
public, le premier engagement officiel au sujet de la conservation
d'Alger. Mais l'organisation nouvelle, qui détruisait l'unité
d'action si nécessaire, présentait de graves défauts. Les
attributions de l'intendant civil étaient mal définies; rien ne
réglait ses rapports avec le chef militaire dépositaire de
l'autorité politique; on eut, non pas deux collaborateurs, mais
deux rivaux et deux adversaires. En décembre 1831, Casimir-Périer
annonçait à Rovigo l'envoi d'une instruction destinée à régler
la question, mais cette instruction ne fut jamais rédigée. Les
difficultés furent d'ailleurs accrues par le caractère des deux
hommes que l'on choisit pour appliquer le système, Rovigo et Pichon.
Rovigo a été en général sévèrement jugé par les historiens de
l'Algérie. L'ancien ministre de la police impériale incarnait le
despotisme napoléonien dans ses procédés les plus discutables.
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