Page précédente HISTOIRE DES COLONIES FRANÇAISES - Tome2 - Retour page Table des matières ALGÉRIE - LIVRE II  - CHAP. 1 Page suivante
  LES DÉBUTS ET LES HÉSITATIONS (1830-1834).  
     
   En outre, le ministère Casimir-Périer, qui avait remplacé le ministère Laffitte, donna à l'Algérie une organisation nouvelle. Le gouvernement estima que, s'il avait été nécessaire, dans les premiers temps qui avaient suivi l'occupation, de laisser réunis dans une seule main les pouvoirs civils et militaires, il importait désormais au bien-être de l'établissement que ces pouvoirs fussent séparés, afin que la justice et l'administration civiles pussent prendre une marche régulière. En conséquence, la direction et la surveillance de tous les services civils à Alger, celle de tous les services financiers, tant en deniers qu'en matières, et celle de l'administration de la justice étaient confiées par l'ordonnance royale du 1er décembre 1831 à un intendant civil, placé sous les ordres immédiats du Président du Conseil. C'était une sorte de gouverneur civil ou de préfet, analogue aux intendants coloniaux de l'ancien régime et comme eux indépendant du gouverneur militaire. Casimir-Périer ne pouvant faire d'un administrateur civil le chef du gouvernement à Alger et ne voulant pas le subordonner au commandement militaire, il en fit un fonctionnaire indépendant, relevant directement de lui. Il entendait diriger personnellement toutes les affaires de l'Algérie. Le général en chef conservait seulement, avec ses attributions militaires, la direction générale de la politique et de la haute police. Un conseil d'administration était institué, composé du commandant en chef, de l'intendant civil, du commandant de la station navale, de l'intendant militaire, de l'inspecteur général des finances et du directeur des domaines. Une juridiction criminelle complète fut organisée pour juger les crimes commis par des Français ou des étrangers; la juridiction des conseils de guerre fut étendue, modifications assez peu heureuses au système établi par Clauzel et qui sentaient l'improvisation.

En donnant une sorte d'organisation officielle à la conquête, qui n'avait jusque là été régie que par des mesures provisoires, l'ordonnance du ter décembre 1831 constituait le premier acte public, le premier engagement officiel au sujet de la conservation d'Alger. Mais l'organisation nouvelle, qui détruisait l'unité d'action si nécessaire, présentait de graves défauts. Les attributions de l'intendant civil étaient mal définies; rien ne réglait ses rapports avec le chef militaire dépositaire de l'autorité politique; on eut, non pas deux collaborateurs, mais deux rivaux et deux adversaires. En décembre 1831, Casimir-Périer annonçait à Rovigo l'envoi d'une instruction destinée à régler la question, mais cette instruction ne fut jamais rédigée. Les difficultés furent d'ailleurs accrues par le caractère des deux hommes que l'on choisit pour appliquer le système, Rovigo et Pichon.
Rovigo a été en général sévèrement jugé par les historiens de l'Algérie. L'ancien ministre de la police impériale incarnait le despotisme napoléonien dans ses procédés les plus discutables.

 
  138  
Page précédente Retour page Table des matières Page suivante