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  LES DÉBUTS ET LES HÉSITATIONS (1830-1834).  
     
  
Peu soucieux des formes légales, médiocrement scrupuleux dans le choix des moyens, il gouverna l'Algérie comme un pacha turc. Cependant, en matière de colonisation notamment, il se montra clairvoyant. Si l'homme est antipathique, le chef n'est pas sans mérite. Quant au baron Pichon, conseiller d'État, nommé intendant militaire en même temps que Rovigo était nommé commandant en chef, il n'accepta ces fonctions, dit-il lui-même, " qu'avec répugnance ".
 
Il était anticolonial et n'avait aucune confiance dans l'avenir de l'Algérie. Il avait une grande puissance de travail, une grande franchise, mais aucune souplesse; il était vaniteux, dédaigneux, difficile à vivre, avec un souci excessif de la régularité et de la forme.

Dès le début, il y eut conflit et mésintelligence entre les deux pouvoirs rivaux qu'on avait créés en Algérie. Le commandant en chef et l'intendant se mirent à légiférer éperdument chacun de leur côté; ce fut une pluie de réglementations qui ne firent qu'aggraver le chaos administratif. Les vues de Rovigo et de Pichon s'affirmèrent radicalement opposées sur nombre de points et aucun n'étant tenu d'obéir à l'autre, chacun persévéra dans ses idées, saisissant son ministre particulier pour se plaindre de son collaborateur. Le conflit fut particulièrement aigu à propos d'une affaire dite des laines, qui surgit à l'occasion de contributions en nature levées par Rovigo.

A Paris même, Casimir-Périer et Soult ne s'entendaient guère mieux; ce dernier, hautain, épineux, cassant, voulait faire passer par ses bureaux toutes les affaires d'Afrique. Après la mort de Casimir-Périer, le système fut abandonné, l'ordonnance du 1er décembre 1831 rapportée et remplacée par celle du 12 mai 1832; le ministre de la Guerre reprit la direction exclusive d'Alger, l'intendant civil fut placé sous les ordres du général en chef et Genty de Bussy succéda à Pichon dans ces fonctions.

LE DUC DE ROVIGO (d'après le tableau de Lefèvre).
 
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