Il était anticolonial et n'avait aucune confiance dans
l'avenir de l'Algérie. Il avait une grande puissance de
travail, une grande franchise, mais aucune souplesse; il
était vaniteux, dédaigneux, difficile à vivre, avec un
souci excessif de la régularité et de la forme.
Dès le début, il y eut conflit et mésintelligence entre
les deux pouvoirs rivaux qu'on avait créés en Algérie. Le
commandant en chef et l'intendant se mirent à légiférer
éperdument chacun de leur côté; ce fut une pluie de
réglementations qui ne firent qu'aggraver le chaos
administratif. Les vues de Rovigo et de Pichon s'affirmèrent
radicalement opposées sur nombre de points et aucun n'étant
tenu d'obéir à l'autre, chacun persévéra dans ses idées,
saisissant son ministre particulier pour se plaindre de son
collaborateur. Le conflit fut particulièrement aigu à propos
d'une affaire dite des laines, qui surgit à l'occasion de
contributions en nature levées par Rovigo.
A Paris même, Casimir-Périer et Soult ne s'entendaient
guère mieux; ce dernier, hautain, épineux, cassant, voulait
faire passer par ses bureaux toutes les affaires d'Afrique.
Après la mort de Casimir-Périer, le système fut abandonné,
l'ordonnance du 1er décembre 1831 rapportée et remplacée
par celle du 12 mai 1832; le ministre de la Guerre reprit la
direction exclusive d'Alger, l'intendant civil fut placé sous
les ordres du général en chef et Genty de Bussy succéda à
Pichon dans ces fonctions. |