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  LES DÉBUTS ET LES HÉSITATIONS (1830-1834).  
     
   Le système de gouvernement du duc de Rovigo consistait à occuper fortement les ports de la Régence et à dominer le reste du pays par l'intermédiaire de grands chefs indigènes feudataires de la France : " Sans la soumission de ces hommes puissants, disait-il, il est impossible de rien obtenir des contrées qui ne sont même qu'à quelques lieues d'Alger. Ils percevraient les impôts et nous en donneraient une partie. Tel est le but qu'il faut atteindre; on ne le dépassera que lorsque la France, y trouvant un avantage, pourra imposer de nouvelles conditions à la faveur de ses établissements coloniaux. Pendant la paix, que les feudataires maintiendraient, la colonisation se développerait rapidement. Cette combinaison a un autre avantage : c'est de séparer et de mettre en rivalité deux influences remarquables, l'une temporelle, exercée par les grands cheikhs, l'autre spirituelle, le pouvoir des marabouts. "

Cette politique indigène était raisonnable, mais Rovigo dans l'application fut violent, brutal, parfois même cruel et perfide. Des indigènes auxquels un sauf-conduit en bonne forme avait été délivré furent traduits en conseil de guerre et exécutés. S'il fallait donner le sentiment de notre force, il convenait plus encore de donner celui de notre loyauté. " Le caractère distinctif du commandement et de l'administration du duc de Rovigo, écrivait le général Brossard, est une impétuosité brusque, violente, irréfléchie dans les paroles et incohérente dans son action, ayant pour objet de faire prévaloir ses capricieuses volontés, indépendamment de la nature des choses et souvent en dépit de la raison, sans considération du juste et de l'injuste. "

Après la capitulation d'Alger, le dey Husseïn avait été conduit à Naples. Il n'avait pas perdu tout espoir de reconquérir son trône et noua en ce sens diverses intrigues. Il quitta bientôt Naples pour Livourne, où il retrouvait des Juifs algériens et tunisiens. Il obtint la permission de se rendre à Paris, où il fut reçu en audience particulière par le roi et par Casimir-Périer; on le fit assister à des tirs d'artillerie et il fut pendant quelque temps l'homme à la mode. Réinstallé à Livourne, il essaya de fréter des navires, d'acheter des armes et des munitions et forma des projets de débarquement sur les côtes algériennes. La surveillance des autorités françaises, en particulier du baron de Formont, consul de France à Livourne, firent échouer tous ces projets. Rovigo saisit des lettres adressées par l'ancien bey à divers chefs indigènes. En 1833, Husseïn demanda à être transporté à Alexandrie où il resta jusqu'à sa mort, survenue en 1838 ; il continua d'assaillir le gouvernement français de demandes de pension et de restitution de ses biens, mais renonça désormais à toute idée de complot politique. Aux tentatives plus ou moins vagues de restauration turque et aux intrigues du dey Husseïn semblent se relier les agitations des Maures d'Alger.

 
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