Dans le reste de la province, Rovigo essaya de traiter avec le
bey Ahmed et de lui faire jouer le rôle de vassal que le
maréchal Clauzel avait réservé aux princes tunisiens.
Husseïn avait dit au maréchal de Bourmont : " Si Ahmed
se soumet, il vous sera fidèle ". Mais il ne se soumit
pas et nous opposa au contraire une très vive résistance.
Ahmed, qui appartenait par sa mère à la famille des Ben-Gara,
très influente dans le Sahara constantinois, avait été
nommé bey par le dey Husseïn. Extrêmement cruel, il fit un
jour clouer contre un arbre la main d'une de ses femmes qui
avait cueilli une orange sans sa permission ; il en tua une
autre d'un coup de pied au ventre et fit précipiter plus
d'une victime du haut du rocher de Constantine.
Il fit peser sur la province un joug de fer, confisquant
selon son bon plaisir les biens et les femmes de ses sujets.
En 1830, il avait amené ses contingents à Alger; après la
capitulation, il avait repris le chemin de sa capitale; il
triompha des indigènes qui voulaient lui barrer la route,
puis se débarrassa par un guet-apens des janissaires
révoltés.
Il choisit pour khalifa un forgeron kabyle, Ben-Aïssa,
énergique et guerrier, qui lui organisa une infanterie
composée de montagnards ses compatriotes. Ahmed s'était
proclamé pacha et avait obtenu confirmation de ce titre par
le sultan. |