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  LES DÉBUTS ET LES HÉSITATIONS (1830-1834).  
     
  
Le général Desmichels crut cependant qu'il avait remporté un succès diplomatique, alors qu'il avait été joué par l'émir. A Paris, au ministère de la Guerre, le traité, qui ne répondait pas aux instructions données, fut une surprise désagréable. On se résigna cependant à l'accepter comme point de départ et il reçut l'approbation du Roi. Desmichels chargea Abd-el-Kader de faire connaître le traité au général Voirol, ce qui était une véritable inconvenance.
MUSTAPHA-BEN-ISMAÏL Voirol répondit froidement, sans donner à l'émir aucun titre, qu'il se félicitait du rétablissement de la paix et qu'il dispensait Abd-el-Kader d'étendre sa sollicitude aux affaires de la province d'Alger.

Il était encore permis de croire que de l'arrangement conclu, quels que fussent ses défauts, sortirait une paix durable. Le commandant Abdallah d'Asbonne fut envoyé comme consul à Mascara et Abd-el-Kader de son côté nomma des oukils pour le représenter à Oran et à Arzew. Des Français ayant voulu faire le commerce des grains à Arzew, l'oukil de l'émir prétendit les en empêcher, déclarant que le monopole de ce commerce était réservé à son maître. Desmichels protesta qu'il y avait malentendu.

Le général s'était en effet laissé duper. Miloud-ben-Arach avait obtenu qu'il mît son sceau, qui, au yeux des indigènes, équivaut à la signature, au bas d'une note rédigée en arabe, qui était en contradiction avec le texte français et qui réservait à l'émir le commerce des grains. Desmichels, dont la bonne foi n'est pas douteuse, mais dont l'inexpérience et la légèreté furent grandes, a toujours nié l'existence d'un traité autre que celui qu'il avait communiqué au gouvernement. Il refusa de confesser son erreur et s'entêta de plus en plus à mettre en Abd-el-Kader une aveugle confiance.
 

L'émir était aux prises avec deux sortes d'adversaires : les anciennes tribus makhzen, les djouad, qui refusaient leur obéissance à cet homme de zaouïa et les fanatiques qui lui reprochaient de pactiser avec les infidèles. Agha des Douairs au moment de l'arrivée des Français, Mustapha-ben-Ismaïl, dur et rapace, mais extrêmement brave, avait une rare intelligence des choses de la guerre.
 
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