Voirol répondit froidement, sans
donner à l'émir aucun titre, qu'il se félicitait du
rétablissement de la paix et qu'il dispensait Abd-el-Kader
d'étendre sa sollicitude aux affaires de la province d'Alger.
Il était encore permis de croire que de l'arrangement
conclu, quels que fussent ses défauts, sortirait une paix
durable. Le commandant Abdallah d'Asbonne fut envoyé comme
consul à Mascara et Abd-el-Kader de son côté nomma des
oukils pour le représenter à Oran et à Arzew. Des Français
ayant voulu faire le commerce des grains à Arzew, l'oukil de
l'émir prétendit les en empêcher, déclarant que le
monopole de ce commerce était réservé à son maître.
Desmichels protesta qu'il y avait malentendu.
Le général s'était en effet laissé duper.
Miloud-ben-Arach avait obtenu qu'il mît son sceau, qui, au
yeux des indigènes, équivaut à la signature, au bas d'une
note rédigée en arabe, qui était en contradiction avec le
texte français et qui réservait à l'émir le commerce des
grains. Desmichels, dont la bonne foi n'est pas douteuse, mais
dont l'inexpérience et la légèreté furent grandes, a
toujours nié l'existence d'un traité autre que celui qu'il
avait communiqué au gouvernement. Il refusa de confesser son
erreur et s'entêta de plus en plus à mettre en Abd-el-Kader
une aveugle confiance.
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