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Avant que le gouvernement se fût
demandé s'il coloniserait l'Algérie, l'initiative privée
avait déjà engagé la question. Les services de l'armée et
l'attrait de la nouveauté avaient, dès 1830, entraîné
quelques milliers d'Européens. Aussitôt la nouvelle de la
prise d'Alger connue, des civils s'embarquèrent pour
l'Afrique soit sur les bâtiments de l'Etat, soit sur ceux du
commerce. Le général Clauzel réclamait des communications
plus régulières, un départ pour Marseille tous les huit
jours; |
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il demandait des bateaux à
vapeur comme le Sphinx, qui mettait cinquante-quatre
heures seulement, tandis que les voiliers mettaient dix, douze
ou quinze jours ; mais le préfet maritime de Toulon lui
répondait que les bateaux à vapeur étaient délicats et
dispendieux et qu'il fallait leur éviter les longs trajets.
D'Espagne, d'Italie, de Malte venaient sur des balancelles
nombre de pauvres gens qui mouraient de faim dans leur pays.
Quelques jours après la prise d'Alger, il y avait déjà dans
la rue Bab-el-Oued un restaurateur; dans la rue de la Marine,
un hôtel de Malte; dans la rue des Consuls, un hôtel des
Ambassadeurs. Sur des toiles flottantes s'étalaient des
enseignes de débits de vins, de charcuterie, de conserves. En
janvier 1831, on trouvait à peu près tout ce qui est
nécessaire aux besoins de la vie européenne; la population
civile s'élevait à 3 000 personnes des deux sexes et de
toutes nationalités. Ce contingent fut bientôt renforcé par
4 500 ouvriers parisiens, dont l'envoi en Algérie permit de
fermer les chantiers de charité.
On a dit beaucoup de mal de ces premiers Européens, de ces
" marchands de goutte ". |
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