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On changea les noms des rues, substituant aux noms arabes des noms
empruntés à l'antiquité, comme Scipion, Micipsa, Jugurtha, Juba
ou à la faune africaine comme le Chameau, la Girafe, la Licorne; on
numérota les maisons et on essaya de recenser les habitants. Les
ruelles d'Alger, étroites et en escaliers, se prêtaient mal aux
besoins de la vie européenne; on traça comme artères principales
les rues Bab-el-Oued, Bab-Azzoun et de la Marine, bordées de
maisons à arcades, et à leur intersection on créa une vaste place
dite place du Gouvernement. Ces travaux, commencés par Clauzel,
furent continués par Rovigo. La mosquée Ketchaoua fut consacrée
au culte catholique. Deux belles propriétés des environs d'Alger,
dites le jardin du Dey et Mustapha-Pacha, devinrent la première un
hôpital militaire, la seconde le palais d'été des chefs de la
colonie, destination que l'une et l'autre ont conservée.
Le service des Ponts et Chaussées fut créé à la fin de 1831 ;
quelques réparations sommaires furent faites au môle du port par
M. Noël. Le général Voirol fit travailler activement aux routes
dont le plan avait été arrêté par Rovigo et en fit construire de
nouvelles. Les deux principales furent les routes de Blida, l'une
par Dely-Ibrahim et Douéra, l'autre par Mustapha et Birkadem ; les
terrassements étaient faits par le Génie, l'empierrement par les
Ponts et Chaussées. Une colonne élevée sur la route de Birkadem,
au point culminant des collines qui dominent Alger, conserve le
souvenir des services rendus par Voirol en matière de vicinalité.
Ces routes facilitèrent l'accès de la Mitidja, où des travaux de
dessèchement furent entrepris autour de Maison-Carrée et de
Boufarik.
La question du domaine fut une des plus difficiles à régler. La
destruction des registres des biens domaniaux, l'usurpation de ces
biens avaient produit un gâchis complet; l'administration militaire
s'était emparée de tous les immeubles à sa convenance sans se
soucier de leur origine et refusait de les rendre. Sous Clauzel,
l'inspecteur des finances Fougeroux s'efforça de découvrir tous
les biens de l'ancien beylik et d'empêcher leur aliénation. Un
arrêté réunit au domaine non seulement les propriétés du dey,
des beys et des Turcs sortis du territoire de la Régence, mais
aussi les biens habous ou biens des fondations pieuses, mesure qui
fut très vivement critiquée. Un arrêté de l'intendant Genty de
Bussy, du 21 septembre 1832, prescrivit à tous les propriétaires
des environs de Kouba et de Dely-Ibrahim de présenter leurs titres
à jour et heure fixe, faute de quoi il leur serait fait application
de l'article 713 du Code civil qui dit que les biens sans maître
appartiennent à l'État mesure inapplicable et qui demeura
inappliquée.
Un certain nombre de familles musulmanes avaient émigré dans les
premiers mois qui suivirent la conquête, afin de ne pas vivre sous
la domination des chrétiens.
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