Page précédente HISTOIRE DES COLONIES FRANÇAISES - Tome2 - Retour page Table des matières ALGÉRIE - LIVRE II  - CHAP. 1 Page suivante
  LES DÉBUTS ET LES HÉSITATIONS (1830-1834).  
     
  
Elles cherchèrent avant de partir à réaliser leur fortune. Comme les Européens n'avaient que de faibles capitaux et que tout le monde, vendeurs et acheteurs, envisageait la possibilité de l'évacuation, les aliénations d'immeubles furent faites moyennant le paiement d'une rente perpétuelle. Ce mode de transaction, très conforme d'ailleurs au droit musulman, garantissait à l'acheteur qu'en cas d'évacuation il ne perdrait jamais que quelques annuités et laissait entrevoir au vendeur la possibilité de rentrer dans son bien. Les rentes furent en général calculées à un taux très bas. Quelques Européens employèrent des procédés tout à fait déloyaux et les indigènes ne furent pas en reste avec eux. Lorsque toutes les propriétés de la banlieue d'Alger eurent été vendues, on voulut acheter dans la Mitidja. On acheta d'abord aux Maures, puis aux gens des tribus. On achetait sans voir l'immeuble, sur des titres faux; les indigènes vendaient la même propriété à plusieurs personnes, trompaient sur la contenance, vendaient même des immeubles inexistants. Cet accaparement de la propriété foncière par des spéculateurs créait une foule d'embarras à l'administration et faisait monter le prix des terres, au grand détriment de la colonisation et des véritables travailleurs.
Cependant quelques vrais colons s'étaient mis à l'œuvre dès le printemps de 1831; parmi eux se trouvaient le docteur Chevrau, les frères Fougeroux, Vallier, Roches, père de l'écrivain qui fut secrétaire d'Abd-el-Kader, Colombon. Ces premiers propriétaires se groupèrent en une association coloniale. Mais lorsqu'on vit que la pacification ne faisait aucun progrès, les exploitations languirent et on se livra au brocantage des terres en attendant des temps meilleurs.

UN ESSAI DE COLONISATION OFFICIELLE

 
Dans le courant de 1831 étaient arrivés à Alger 500 émigrants allemands et suisses enrôlés pour l'Amérique et abandonnés par l'agent qui les avait recrutés. Ils arrivèrent à Alger dans un état de complet dénuement; on ne savait qu'en faire; on les logea autour d'Alger sous des tentes et on leur distribua des vivres. Rovigo voulut leur faire donner des terres et demanda à Pichon de caser 650 colons, dont 447 Allemands et Suisses et environ 200 Français; on aurait attribué deux arpents de terre à chaque colon. Pichon répondit qu'il n'y avait point de terres disponibles. Finalement, on fit choix des deux localités de Kouba et de Dely-Ibrahim. Le noyau des terres était à Kouba une ferme appartenant à une mosquée, à Dely-Ibrahim une autre ferme appartenant à la corporation des janissaires. Les villages furent construits sur un crédit de 200 000 francs ouvert à l'intendant civil par le ministre de l'Intérieur.
 
  157  
Page précédente Retour page Table des matières Page suivante