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Les colons furent divisés en
trois classes : ceux qui avaient assez de ressources pour
construire leurs maisons, à qui on donna 10 hectares; les
anciens militaires, qui reçurent 6 hectares et enfin les
colons sans ressources à qui on attribua 4 hectares. On
allait ainsi 93 hectares à Kouba et 227 à Dely-Ibrahim. Une
faible partie seulement fut mise en culture et les villages
vécurent surtout du commerce avec la troupe. A Kouba, des
colons libres s'établirent et prospérèrent. A Dely-Ibrahim,
la population profita du roulage que nécessita la
construction de la route d'Alger à Douéra. Lorsque Rovigo
vit quelle peine il avait eue à caser 4 ou 500 colons, ses
idées se modifièrent et un avis informa le public que
désormais nul ne serait reçu à Alger comme colon s'il
n'avait des moyens d'existence pour un an. |
LA COLONISATION
LIBRE |
Tel fut le premier essai de
colonisation officielle. Quant à la colonisation libre, elle
se développait lentement sans doute, mais elle progressait
néanmoins. Quand on réfléchit aux conditions dans
lesquelles se trouvait alors l'Algérie, il n'y a pas lieu de
s'étonner que le peuplement européen n'ait pas été plus
rapide; on a au contraire lieu d'être surpris qu'il se soit
trouvé en France des gens riches assez audacieux pour venir
aventurer en Afrique leur fortune et même leur vie.
Parmi les colons qui avaient mis des terres en culture dès le
printemps de 1832, il convient de citer Ventre, agriculteur
avisé, intelligent et actif, qui avait 200 hectares à
Hussein-Dey ; Duchassaing, avocat au barreau de Paris, qui
était venu s'installer sur un domaine d'une centaine
d'hectares à Kouba ; Bonnevialle, dans la même localité;
Boutin, gérant de la Ferme-Modèle appartenant à Clauzel et
à ses associés; Martin, Mazères, Coupel du Lude, Fruitié,
Villaret, Pélissier, Rozey et bon nombre d'autres, actifs,
entreprenants, pourvus de capitaux. En 1832 arrivèrent aussi
en Algérie de Vialar, de Tonnac, de Franclieu, de
Saint-Guilhem, qui devaient être par la suite les pionniers
de la grande colonisation. |
L'ALGÉRIE EN 1834 |
Malgré tout, les résultats
obtenus étaient médiocres. Nous n'avions ni programme
colonial, ni politique indigène, ni système de colonisation.
Les chefs locaux étaient éphémères et trop souvent
médiocres, le pouvoir central indécis et hésitant, le
Parlement encore plus timoré que le ministère. Sauf autour
d'Alger, dans le Sahel et la Mitidja, où s'amorçait un
intéressant mouvement de colonisation libre, nous étions
enfermés dans l'enceinte de quelques villes, Oran, Bône,
Bougie et Mostagnem. |
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