Abd-el-Kader, maître de tout
l'ancien beylik d'Oran, voulut profiter des ambiguïtés du
traité Desmichels pour s'emparer également du Titteri, où
l'énergie de Voirol l'avait arrêté. Il écrivit aux tribus
pour leur annoncer sa venue et fit demander à Drouet d'Erlon
les coins de l'ancienne Régence, afin de battre monnaie et
par conséquent de faire acte de souverain indépendant.
Cette demande indisposa fort le gouverneur, qui répondit
en lui interdisant le Titteri comme l'avait fait Voirol. Mais
l'émir avait à Alger comme oukil ou chargé
d'affaires l'Israélite Juda-ben-Dran ou Ben-Durand, homme
fort habile, parlant très bien le français, qui parvint à
prendre une certaine influence sur l'esprit du gouverneur et
à modifier ses idées. Une révolte des Derkaoua, confrérie
religieuse très xénophobe, ennemie de tout pouvoir temporel,
hostile à Abdel-Kader autant qu'aux chrétiens eux-mêmes,
fournit à l'émir le prétexte qu'il cherchait. |