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  L' OCCUPATION RESTREINTE (1834-1840).  
     
   Après avoir triomphé de ces fanatiques, il entra à Miliana et à Médéa. Drouet d'Erlon accepta le fait accompli.

A Oran, le général Desmichels avait été remplacé par le général Trézel, chef d'état-major de l'armée d'Afrique, petit homme mince et grêle, d'une bravoure héroïque et ne craignant pas les responsabilités. Il entra en pourparlers avec les Douairs et les Smélas, les meilleurs cavaliers du makhzen turc, qui occupaient la région comprise entre Oran, le Sig et Ain-Témouchent et qui offraient de se mettre à notre service à condition que nous nous engagions à les protéger contre Abd-el-Kader. Habitués à collaborer avec les dominateurs du pays, ils ne demandaient pas mieux que de jouer auprès de nous le même rôle qu'auprès de nos prédécesseurs. L'émir, informé de ces pourparlers, somma les Douairs de quitter les environs d'Oran pour venir s'établir dans l'intérieur de la province; il voulait ainsi nous isoler dans des places fortes et empêcher tout contact entre les musulmans et nous. Les Douairs refusèrent d'obéir et Trézel prit la résolution de les protéger contre les conséquences de ce refus. " Agir autrement, écrivait-il au gouverneur, ce serait prendre un parti aussi honteux pour la France que cruel pour les malheureux qui ont imploré son appui. " Le 16 juin, Trézel vint camper au lieu dit le Figuier (aujourd'hui Valmy), à 10 kilomètres d'Oran, et signa avec les tribus makhzen une convention qui les plaçait sous notre souveraineté. 

" Nous voulons, dirent les Douairs, servir le gouvernement de la France dans notre pays, lui prêter notre concours et marcher dans les premiers rangs de son armée régulière contre Abd-el-Kader. Nous prenons l'engagement de fournir les bestiaux et les autres denrées nécessaires à l'approvisonnement de vos troupes. Nous vous servirons de guides, d'informateurs et d'éclaireurs. En échange de ces engagements, que nous garantissons sur nos têtes, nous ne vous demandons que de respecter nos croyances religieuses, de nous conserver nos mœurs et coutumes, de nous exempter comme tribus makhzen de toutes les impositions, sauf cependant celle de l'éperon qui est en usage et enfin de nous laisser la faculté d'élire librement nos chefs. "

Comme on pouvait s'y attendre, Abd-el-Kader refusa d'accepter la convention du Figuier : " Ma religion, dit-il, me défend de me prêter à ce qu'un musulman soit sous la puissance d'un chrétien. " Les hostilités recommencèrent et le 28 juin, dans les marais de la Macta, Abd-el-Kader infligea à Trézel une grave défaite, où nos pertes se chiffraient par 300 tués, 200 blessés, sans compter des prisonniers et du matériel dont l'émir s'empara. Il avait subi de son côté des pertes considérables, 2 000 de ses meilleurs soldats avaient péri.

 
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