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  L' OCCUPATION RESTREINTE (1834-1840).  
     
   Les conditions dans lesquelles Clauzel retrouvait l'Algérie n'étaient plus du tout celles où il l'avait laissée en 1830. Le système de protectorat qu'il avait tenté de pratiquer était devenu sinon impossible, du moins très difficile. Il fallait désormais se décider à faire la conquête de l'Algérie. " Après la prise d'Alger, disait Rozey, 20 000 hommes auraient suffi ; après nos premières fautes, il en aurait fallu 30 000 ; après le traité Desmichels, 40 000 ; après la Macta, 60 000. "
Clauzel résolut d'entreprendre une série d'opérations offensives destinées à amener la soumission de l'Algérie en nous installant sur les points stratégiques du Tell intérieur, à Tlemcen, à Mascara, à Miliana, à Médéa, à Constantine. " Il faut à la Régence Constantine et Tlemcen, disait-il, comme il fallait au royaume de France Calais et Bordeaux. Tant que les Anglais ont occupé ces deux villes, ç'a été sur notre terre une guerre d'extermination. "
Clauzel voyait juste. Son tort fut de s'entêter dans l'exécution de ses desseins avec des moyens qui n'y pouvaient pas suffire, parce que le gouvernement et les Chambres les lui refusaient. Le tort des pouvoirs publics fut qu'avisés des projets du maréchal, ils ne surent ni s'y opposer, ni les approuver formellement; ils le laissèrent faire, quitte à lui reprocher, en cas d'échec, d'avoir agi sans ordres : attitude peu digne et peu loyale dont Clauzel se plaignit avec juste raison : " Si je pressais le gouvernement de s'expliquer, dit-il, et proposais des plans qui pouvaient conduire à un résultat, on me répondait verbalement d'une manière satisfaisante et par les dépêches officielles on ne disait ni oui ni non; on acceptait avec des restrictions, des contradictions, des doutes. Pendant ce temps, les choses se faisaient, mais sans ensemble, sans vigueur, sans les moyens nécessaires. Aussitôt une chose faite, au lieu de lui donner de la suite comme je devais l'espérer, on se plaignait de ce qui avait été fait, on me désavouait, on rappelait les troupes, on ordonnait des réductions dans les dépenses. "
Les instructions données à Clauzel et rédigées par le général Maison ne correspondaient guère à ses propres idées. On lui prescrivait " de ne pas imposer à la France, pour la conservation et l'administration de ses possessions du Nord de l'Afrique, des sacrifices prématurés et hors de proportion avec les avantages qu'elle en retire ou qu'elle peut raisonnablement en espérer; de s'abstenir contre les tribus de l'extérieur de toute expédition entreprise sans nécessité évidente; d'attendre que la sagesse et l'activité de son administration les amènent toutes à comprendre leur véritable intérêt et à se rapprocher de nous. D'ailleurs, ajoutait-on, la diminution de l'effectif des troupes d'occupation, devenue inévitable par suite de la réduction des fonds relatifs à leur entretien, nous fait une loi d'adopter cette marche prudente. "
Mais les bureaux de la Guerre furent bientôt, comme lors du premier gouvernement de Clauzel, subjugués par une volonté plus forte que la leur.
 
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