Page précédente HISTOIRE DES COLONIES FRANÇAISES - Tome2 - Retour page Table des matières ALGÉRIE - LIVRE II  - CHAP. II Page suivante
  L' OCCUPATION RESTREINTE (1834-1840).  
     
  
 

EXPÉDITIONS DE MASCARA ET DE TLEMCEN

 
Clauzel voulait tout d'abord détruire les moyens de gouvernement, de guerre et d'organisation créés par Abd-el-Kader, puis lui opposer dans Tlemcen un centre de résistance autour duquel se rallieraient nos alliés. Enfin l'occupation de Rachgoun, à l'embouchure de la Tafna, empêcherait les armes et les munitions de lui parvenir de Tanger et de Gibraltar.
Dès le mois de novembre 1835, des troupes furent réunies à Oran ; avec les Douairs et les Smélas, elles formaient un corps de 11 000 hommes. Le maréchal, accompagné du duc d'Orléans, vint en prendre le commandement; on devait marcher sur Mascara, enlever à l'émir sa capitale et y installer un bey relevant de la France. Abd-el-Kader avait quitté Mascara à notre approche, emmenant la population musulmane et laissant seulement les Juifs, au nombre de 7 à 800 ; la ville, avant cet exode, avait été pillée et à demi brûlée. Une pluie torrentielle avait transformé les rues en ruisseaux; on n'avait pas de feu pour se sécher, les détachements s'égaraient dans les ténèbres, les aboiements furieux des chiens arabes se mêlaient aux imprécations dés soldats. Après quarante-huit heures d'occupation, les troupes françaises évacuèrent Mascara, où Abd-el-Kader se réinstalla quelques jours après. L'expédition avait été brillante mais sans profit : la chute de ce que nous appelions la capitale de l'émir n'avait pas d'importance pour lui.

On entreprit ensuite d'aller à Tlemcen, où les Français furent accueillis par les Koulouglis qui depuis cinq ans se défendaient dans le Méchouar. Mustapha-ben-Ismaïl vint à la rencontre de Clauzel. L'entrevue des deux vieux guerriers, l'un et l'autre aussi vigoureux de corps que d'esprit, sous les beaux oliviers qui entourent Tlemcen, fut singulièrement émouvante : " Il y a quelques jours, dit Mustapha, j'ai perdu soixante de mes plus braves enfants; mais en te voyant, j'oublie mes malheurs passés; je me remets à toi et avec moi les miens et tout ce que nous avons. Tu seras content de nous. " Puis il prit la tête de la colonne et la guida vers la ville; il remit à Clauzel cette place qu'il avait gardée pour nous, sans nous et malgré nous (janvier 1836). On laissa à Tlemcen 500 hommes sous le commandement du capitaine Cavaignac ; une contribution de guerre, dont la perception donna lieu à des abus assez graves, fut imposée aux habitants; elle était destinée à payer les frais de l'occupation et l'entretien de la garnison.

Le maréchal Clauzel proclama après ces deux expéditions que la guerre était finie et Abd-el-Kader vaincu.

 
  170  
Page précédente Retour page Table des matières Page suivante