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Il exagérait ; la puissance d'Abd-el-Kader
n'était guère affaiblie, il nous le fit bien voir. Aidé des
indigènes des Traras et des Marocains, l'émir vint bloquer
notre camp de Rachgoun et nous infligea près de là, à
Sidi-Yacoub, un échec presque aussi grave que celui de la
Macta ; nous eûmes 40 morts et 300 blessés, dont le
général d'Arlanges. |
L'ALGÉRIE DEVANT
LES CHAMBRES |
Thiers, arrivé au pouvoir en
février 1836, était personnellement favorable à une
politique active en Algérie. Il dirigea les affaires
d'Afrique avec ses qualités et ses défauts ordinaires.
Redoutant l'ingérence éventuelle de la Turquie et du Maroc
dans les questions algériennes, il fit signifier par le
colonel de la Rue au Maroc un véritable ultimatum et l'amiral
Hugon fut envoyé à Tunis avec une escadre; des deux côtés,
nous eûmes satisfaction. Mais la commission du budget, dont
Baude était le rapporteur, était très mal disposée et
proposait de réduire l'effectif des troupes d'Afrique à 19
000 hommes ; elle ne voulait ni colonisation, ni expédition
militaire. La question d'Alger fut discutée devant les
Chambres en juin 1836. Duvergier de Hauranne prononça une
violente diatribe contre l'armée et ses chefs et contre
l'Algérie elle-même, " legs funeste de la
Restauration". Puis Desjobert condamna l'Algérie au nom
de l'économie politique. Le discours de Thiers fut très
éloquent et très ferme : " Je le déclare au nom du
cabinet, dit le président du conseil, l'opinion du
gouvernement est formelle; le gouvernement persiste à
regarder l'occupation d'Alger comme une chose grande, comme
une chose utile pour la France et à laquelle il serait non
seulement malheureux, mais déshonorant de renoncer. Il y a un
instinct profond que je défie les ennemis les plus acharnés
de l'occupation de venir braver à la tribune; je les défie
de venir dire : Abandonnons Alger. " Enfin il combattit
l'occupation restreinte, qui est, dit-il, un non-sens. Guizot
appuya les demandes du gouvernement, tout en faisant quelques
réserves et les réductions de crédit proposées par la
commission du budget furent repoussées. |
BUGEAUD DANS LA
PROVINCE D'ORAN : LA SIKKAK ET LA TAFNA |
Des renforts furent envoyés dans
la province d'Oran sous la conduite du général Bugeaud, qui
devait jouer plus tard un si grand rôle dans la guerre
d'Afrique et dans la colonisation de l'Algérie.
Né à Limoges en 1784, Bugeaud était le quatorzième enfant
du marquis Bugeaud de la Piconnerie ; son enfance avait été
très dure; son père, vieux gentilhomme ruiné, avait
relégué ses enfants dans une pauvre ferme du Périgord qu'on
appelait la Durantie. |
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