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  L' OCCUPATION RESTREINTE (1834-1840).  
     
  
Il exagérait ; la puissance d'Abd-el-Kader n'était guère affaiblie, il nous le fit bien voir. Aidé des indigènes des Traras et des Marocains, l'émir vint bloquer notre camp de Rachgoun et nous infligea près de là, à Sidi-Yacoub, un échec presque aussi grave que celui de la Macta ; nous eûmes 40 morts et 300 blessés, dont le général d'Arlanges.

L'ALGÉRIE DEVANT LES CHAMBRES

Thiers, arrivé au pouvoir en février 1836, était personnellement favorable à une politique active en Algérie. Il dirigea les affaires d'Afrique avec ses qualités et ses défauts ordinaires. Redoutant l'ingérence éventuelle de la Turquie et du Maroc dans les questions algériennes, il fit signifier par le colonel de la Rue au Maroc un véritable ultimatum et l'amiral Hugon fut envoyé à Tunis avec une escadre; des deux côtés, nous eûmes satisfaction. Mais la commission du budget, dont Baude était le rapporteur, était très mal disposée et proposait de réduire l'effectif des troupes d'Afrique à 19 000 hommes ; elle ne voulait ni colonisation, ni expédition militaire. La question d'Alger fut discutée devant les Chambres en juin 1836. Duvergier de Hauranne prononça une violente diatribe contre l'armée et ses chefs et contre l'Algérie elle-même, " legs funeste de la Restauration". Puis Desjobert condamna l'Algérie au nom de l'économie politique. Le discours de Thiers fut très éloquent et très ferme : " Je le déclare au nom du cabinet, dit le président du conseil, l'opinion du gouvernement est formelle; le gouvernement persiste à regarder l'occupation d'Alger comme une chose grande, comme une chose utile pour la France et à laquelle il serait non seulement malheureux, mais déshonorant de renoncer. Il y a un instinct profond que je défie les ennemis les plus acharnés de l'occupation de venir braver à la tribune; je les défie de venir dire : Abandonnons Alger. " Enfin il combattit l'occupation restreinte, qui est, dit-il, un non-sens. Guizot appuya les demandes du gouvernement, tout en faisant quelques réserves et les réductions de crédit proposées par la commission du budget furent repoussées.

BUGEAUD DANS LA PROVINCE D'ORAN : LA SIKKAK ET LA TAFNA

Des renforts furent envoyés dans la province d'Oran sous la conduite du général Bugeaud, qui devait jouer plus tard un si grand rôle dans la guerre d'Afrique et dans la colonisation de l'Algérie.
Né à Limoges en 1784, Bugeaud était le quatorzième enfant du marquis Bugeaud de la Piconnerie ; son enfance avait été très dure; son père, vieux gentilhomme ruiné, avait relégué ses enfants dans une pauvre ferme du Périgord qu'on appelait la Durantie.
 
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