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  L' OCCUPATION RESTREINTE (1834-1840).  
     
  
Il s'explique par les circonstances et surtout par les intentions du gouvernement, peut-être même, au dire de La Moricière, par des instructions secrètes du roi. La France voulait avoir les mains libres pour réparer l'échec qu'elle venait de subir à Constantine et ne voulait pas entendre parler d'une conquête totale. La responsabilité de la convention doit peser plus encore sur le gouvernement que sur le négociateur. Bugeaud reconnut plus tard sa faute et la répara par les services qui lui assureront à jamais la reconnaissance de la France africaine.
 

II

LA PREMIÈRE EXPÉDITION DE CONSTANTINE

 
Si le gouvernement avait ratifié la convention de la Tafna, c'est qu'il avait besoin de la paix dans la province d'Oran, pour ne pas rester sous le coup de l'échec subi devant Constantine par le maréchal Clauzel.
En juillet 1836, Clauzel avait fait remettre à Thiers par son aide de camp, M. de Rancé, une note au sujet de ses plans d'occupation étendue et en particulier de l'expédition de Constantine qu'il se proposait d'entreprendre. Thiers approuva les projets du gouverneur, et, une fois le but arrêté, se montra très large sur les moyens, promit des hommes et du matériel. Le 2 août, Clauzel écrivait de Paris au général Rapatel : " Général, un système de domination absolue de l'ancienne Régence est, sur ma proposition, définitivement adopté par le gouvernement. Les opérations qui devront avoir lieu dans chaque province se feront simultanément et de manière que la campagne qui va s'ouvrir atteigne le but définitif que l'on se propose : occuper toutes les villes importantes du pays, y placer des garnisons, établir des camps et postes retranchés au centre de chaque province et aux divers points militaires qui doivent être occupés d'une manière permanente."
Mais, sur ces entrefaites, le cabinet que présidait M. Thiers donna sa démission et fut remplacé par le ministère Molé avec le général Bernard à la Guerre. Désormais, les dispositions du gouvernement à l'égard du maréchal Clauzel changèrent complètement; il n'obtint plus ni un homme, ni un canon. Le député Baude fut envoyé en Algérie comme commissaire du roi pour régler diverses indemnités; en réalité, il parut surtout préoccupé de recueillir des griefs contre le gouverneur. " Si le gouvernement nouveau, écrivait Clauzel le 16 septembre, ne fait pas pour moi ce que m'a promis l'ancien, je me fais laboureur dans ma ferme de l'Agha. Baude instrumente contre moi : la Chambre veut, la Chambre ordonne, la Chambre entend que, etc. Le Roi n'est rien, il n'y a que la Chambre. "
 
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