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Il s'explique par les
circonstances et surtout par les intentions du gouvernement,
peut-être même, au dire de La Moricière, par des
instructions secrètes du roi. La France voulait avoir les
mains libres pour réparer l'échec qu'elle venait de subir à
Constantine et ne voulait pas entendre parler d'une conquête
totale. La responsabilité de la convention doit peser plus
encore sur le gouvernement que sur le négociateur. Bugeaud
reconnut plus tard sa faute et la répara par les services qui
lui assureront à jamais la reconnaissance de la France
africaine. |
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II |
LA PREMIÈRE
EXPÉDITION DE CONSTANTINE |
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Si le gouvernement avait ratifié
la convention de la Tafna, c'est qu'il avait besoin de la paix
dans la province d'Oran, pour ne pas rester sous le coup de
l'échec subi devant Constantine par le maréchal Clauzel.
En juillet 1836, Clauzel avait fait remettre à Thiers par son
aide de camp, M. de Rancé, une note au sujet de ses plans
d'occupation étendue et en particulier de l'expédition de
Constantine qu'il se proposait d'entreprendre. Thiers approuva
les projets du gouverneur, et, une fois le but arrêté, se
montra très large sur les moyens, promit des hommes et du
matériel. Le 2 août, Clauzel écrivait de Paris au général
Rapatel : " Général, un système de domination absolue
de l'ancienne Régence est, sur ma proposition,
définitivement adopté par le gouvernement. Les opérations
qui devront avoir lieu dans chaque province se feront
simultanément et de manière que la campagne qui va s'ouvrir
atteigne le but définitif que l'on se propose : occuper
toutes les villes importantes du pays, y placer des garnisons,
établir des camps et postes retranchés au centre de chaque
province et aux divers points militaires qui doivent être
occupés d'une manière permanente."
Mais, sur ces entrefaites, le cabinet que présidait M. Thiers
donna sa démission et fut remplacé par le ministère Molé
avec le général Bernard à la Guerre. Désormais, les
dispositions du gouvernement à l'égard du maréchal Clauzel
changèrent complètement; il n'obtint plus ni un homme, ni un
canon. Le député Baude fut envoyé en Algérie comme
commissaire du roi pour régler diverses indemnités; en
réalité, il parut surtout préoccupé de recueillir des
griefs contre le gouverneur. " Si le gouvernement
nouveau, écrivait Clauzel le 16 septembre, ne fait pas pour
moi ce que m'a promis l'ancien, je me fais laboureur dans ma
ferme de l'Agha. Baude instrumente contre moi : la Chambre
veut, la Chambre ordonne, la Chambre entend que, etc. Le Roi
n'est rien, il n'y a que la Chambre. " |
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