Mais Clauzel, tout en faisant bon accueil à Damrémont,
l'éconduisit avec force politesses, en lui disant qu'il
n'avait jamais eu la pensée de mettre le marché à la main
au gouvernement et que, s'il regrettait de n'avoir pas tout ce
qu'il souhaitait, il n'en essaierait pas moins de se tirer
d'affaire.
De 1832 à 1836, Bône avait eu pour commandant le
général Monck d'Uzer qui, à la fois ferme et conciliant
avec les indigènes, avait obtenu des résultats remarquables.
Grâce à son énergie et à sa sagesse, les Européens
pouvaient circuler librement dans le pays à une assez grande
distance de la place, dans un rayon de quinze lieues environ.
Clauzel voulut reprendre dans la province de Constantine,
sous une autre forme, ses projets de protectorat de 1830 et
songea à Yusuf, dont il s'exagérait l'influence, pour les
réaliser. Par arrêté du 21 janvier 1836, il le nomma bey de
Constantine.
Yusuf rêvait de devenir effectivement souverain sous notre
hégémonie, d'abord à Constantine, puis peut-être à Tunis.
Il avait sa petite armée beylicale, dont l'infanterie était
commandée par Allegro, Italien élevé comme lui à Tunis. Il
avait ses drapeaux, sa musique, ses bourreaux, tout ce qui,
dans l'Afrique du Nord, est l'apanage des monarques. Ses
instructions l'autorisaient à agir pour son propre compte
toutes les fois qu'il le jugerait avantageux aux intérêts de
la France. |