Un soir, faisant une partie
d'échecs avec son secrétaire Khelil, ancien cadi de Bône,
il lui montra une lettre qu'il avait saisie et d'où il
ressortait clairement que Khelil le trahissait au profit
d'Ahmed.
Le secrétaire se leva sans mot dire, salua, sortit de la
tente, s'agenouilla devant le chaouch qui, moins d'une minute
après cette petite scène muette, lui faisait tomber la tête
entre les genoux sur le sol, tout cela avec une tranquillité,
une correction parfaites :
" On dit, écrivait Duvivier, que Yusuf fait le bey
aussi bien qu'Ahmed. Il porte comme lui un chapelet à la
main, il a de plus beaux habits que lui, il lève des
contributions comme lui, fait comme lui distribuer des coups
de bâton et comme lui couper des têtes sans en demander la
permission à personne ". |