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  L' OCCUPATION RESTREINTE (1834-1840).  
     
  
Pour arriver à un bon résultat, il ne faut pas que l'expédition de Constantine soit un fait isolé, il faut qu'elle se rattache à un plan général. Il ne faut pas affaiblir Oran et Alger pour faire cette expédition; il faut se montrer forts partout pour frapper le moral des Arabes. Et n'allez pas croire qu'il suffit pour cela d'un petit effectif de 20 à 30 000 hommes : il faut au moins 45 000 hommes. On a dit que la Restauration a conquis l'Afrique et que le gouvernement de Juillet ne sait ni la conserver, ni l'administrer. Messieurs, c'est que la conquête n'en a pas été faite, elle est encore à faire. La Restauration n'a pris qu'Alger ; nous avons bien depuis pris plusieurs villes et nous n'en sommes guère plus avancés; mais quand la France voudra faire cette conquête, quand elle le voudra sérieusement, elle la fera. "
 

LA DEUXIÈME EXPÉDITION DE CONSTANTINE : DAMRÉMONT

 
Ces idées de Bugeaud étaient en désaccord avec les résolutions prises par le ministère Molé ; le système de l'occupation restreinte et du progrès pacifique l'emportait une fois de plus. C'est ce dont témoignent les instructions données au général Damrémont, appelé le 12 février 1837 à la succession du maréchal Clauzel :
"Le but que le gouvernement se propose, y était-il dit, n'est pas la domination absolue ni l'occupation effective de la Régence. Ce que la France a surtout en vue, c'est son établissement maritime, c'est la sécurité et l'extension de son commerce, c'est l'accroissement de son influence dans la Méditerranée. La guerre est un obstacle à tous ces résultats. Le gouvernement ne l'accepte que comme une nécessité dont il désire, dont il croit pouvoir hâter le terme. La France a surtout intérêt à être maîtresse du littoral. Les principaux points à occuper sont Alger, Oran et Bône avec leurs territoires. Le reste doit être abandonné à des chefs indigènes. La pacification est désormais l'objet principal à atteindre. La guerre n'est que le moyen de l'obtenir aux conditions les plus avantageuses, moyen auquel il ne faut avoir recours qu'à la dernière extrémité. "

Pour l'application de ce programme, on essaya de traiter avec Abd-el-Kader dans l'Ouest, avec Ahmed dans l'Est. La première négociation, confiée à Bugeaud, aboutit, comme on l'a vu, au traité de la Tafna. La seconde fut menée par Damrémont, qui prit pour intermédiaires les deux Juifs Ben-Bajou et Busnach. La France se serait réservé la banlieue de Bône et de la Calle ; dans le reste de la province, elle aurait en un droit de suzeraineté, affirmé par le paiement d'un tribut annuel. Ahmed ne s'expliquait pas pourquoi on lui faisait des conditions moins avantageuses qu'à Abd-el-Kader.

 
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