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  L' OCCUPATION RESTREINTE (1834-1840).  
     
  
Il était âpre et rude, mais le fond était plus bien veillant que la forme; on rapporte de lui un mot charmant: " Il ne faut pas, disait-il, s'en prendre au cœur des travers du caractère. " La famille royale lui témoignait une sympathie particulière, à laquelle il répondait par un dévouement complet. Il était l'homme du roi et du prince royal.
 
Comme il n'avait rien demandé, Valée fit ses conditions et entendit exercer le pouvoir dans toute sa plénitude. Il rétablit la discipline dans l'armée et fit connaître qu'il n'y aurait pas en Algérie d'autre volonté que la sienne. Une ordonnance du 31 octobre 1838 vint renforcer l'autorité du gouverneur général et définir les attributions des chefs de service placés sous son autorité, à savoir le directeur de l'intérieur, le procureur général et le directeur des finances. Mais rien d'essentiel ne fut changé à l'organisation de 1834.

Dans l'ensemble, l'administration du maréchal Valée fut sage, quoique sans grand éclat. Dans divers rapports adressés au Président du Conseil, il fit connaître ses vues sur l'Algérie, le but qu'on devait s'y proposer et les moyens de l'atteindre. Son système s'efforçait de concilier l'occupation restreinte avec la domination de toute l'ancienne Régence. Pour y parvenir, il divisait le territoire en trois zones : l'une gouvernée par des chefs indigènes sous l'autorité des commandants supérieurs des provinces ; la seconde divisée en cercles commandés par des officiers français et occupés militairement par nos troupes ; la troisième enfin soumise à l'action des pouvoirs civils.

Au point de vue militaire, contrairement à la doctrine que professera plus tard Bugeaud, qui estimait que les fortifications permanentes n'assurent nullement en Afrique la possession réelle du territoire, Valée préconisait les camps permanents plutôt que les colonnes mobiles, la guerre défensive plutôt qu'offensive. Il se prononçait également contre la formation de corps réguliers d'indigènes et proposait d'employer ceux-ci seulement dans des corps irréguliers, plus conformes, disait-il, à leur caractère. On lui donna en partie satisfaction; les zouaves devinrent des corps exclusivement français; mais l'infanterie et la cavalerie indigènes, tirailleurs et spahis, furent conservés.

Maréchal VALEE (d'après Court, musée de Versailles).
 
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