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  L' OCCUPATION RESTREINTE (1834-1840).  
     
   L'œuvre essentielle du maréchal Valée fut l'organisation de la province de Constantine, où il appliqua les méthodes d'administration indigène qui furent par la suite étendues à toute l'Algérie. Au début, il avait songé à retirer la garnison de Constantine; conserver indéfiniment des troupes dans cette ville, disait-il, ce serait étendre démesurément notre système d'occupation dans la province de Bône. Il chercha donc, comme le lui suggérait d'ailleurs le comte Molé, soit à négocier avec Ahmed, soit à placer à Constantine un prince de la famille tunisienne, l'une et l'autre solution ayant l'avantage d'opposer l'influence turque à celle d'Abd-el-Kader. Mais peu à peu ses idées sur ce point se modifièrent.

Le 31 janvier 1838, Molé lui demandait : " Votre opinion sur Constantine est-elle que nous devions l'occuper définitivement et chercher à tirer de cette occupation le meilleur parti pour le commerce et le développement de notre colonie, ou n'êtes-vous pas revenu à votre première idée de remettre Constantine à un prince indigène qui relèverait de la France et lui paierait tribut? " - " Cette combinaison, répondit Valée, qui me paraissait la meilleure le lendemain de la prise de Constantine, n'est plus applicable aujourd'hui. L'abandon d'un territoire que nous avons organisé produirait sur les Arabes un effet fâcheux, notre établissement en Afrique leur paraîtrait plus précaire encore. Il ne faut pas oublier que beaucoup d'individus se sont compromis en se joignant à nous; les abandonner ce serait nous déshonorer. "

A diverses reprises cependant, au cours de l'année 1838, on essaya encore de négocier avec Ahmed. Dans les premiers jours de mars, Ben-Aïssa était arrivé à Alger et avait fait sa soumission; il prétendait qu'Ahmed était prêt à donner des garanties; par son alliance avec les Ben-Gara, il tiendrait le Sud de la province, tandis que lui, Ben-Aïssa, maîtriserait les Kabyles de l'Oued-el-Kébir à la Seybouse. Puis Ahmed s'adressa directement au gouverneur général. Mais il apparut bientôt que l'on ne pouvait rendre à l'ex-bey son ancienne capitale, ni lui abandonner le territoire entre Constantine et la mer. Il n'en fut plus question. L'occupation de Constantine prit un caractère définitif; les généraux de Négrier et Galbois, par une série d'expéditions bien conduites, obtinrent la soumission d'un certain nombre de tribus. Quant à Ahmed, il mena jusqu'en 1848 une vie errante; il fit alors sa soumission à la France et vint mourir à Alger; avec lui disparut le dernier représentant de la domination turque en Algérie.

Les arrêtés du 30 septembre et du ter novembre 1838, qui ont laissé des traces durables dans l'histoire de l'Algérie et qui ont été le point de départ de nos relations avec les grandes familles indigènes, posaient les principes de l'organisation de la province de Constantine.

 
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