Page précédente HISTOIRE DES COLONIES FRANÇAISES - Tome2 - Retour page Table des matières ALGÉRIE - LIVRE II  - CHAP. II Page suivante
  L' OCCUPATION RESTREINTE (1834-1840).  
     
  
La musique militaire, composée de hautbois, de grosses caisses et de timbales, jouait trois fois par jour devant sa tente : à midi, à quatre heures et à huit heures du soir. A côté de la tente de l'émir était celle de ses secrétaires et des hauts fonctionnaires, un peu en arrière celles qui renfermaient les munitions, les vivres, les cadeaux. Les secrétaires et les grands personnages restaient debout devant l'émir; lorsqu'il avait un ordre à leur donner, il leur faisait signe, leur parlait à voix basse, puis ils se retiraient à reculons.
 
Lorsqu'on était en marche ou en campagne, les réguliers et le convoi étaient en avant, puis venaient les cavaliers auxiliaires irréguliers. Autour de l'émir se trouvait la musique, les porte-drapeaux, les nègres de son service personnel. Au bout de quelques kilomètres, malgré toutes les prescriptions, ce n'était plus qu'une cohue désordonnée. On marchait à petites journées et on ne faisait point de haltes. Si l'on voulait combattre ou effectuer une razzia, on laissait le camp à la garde d'un nombre suffisant de réguliers et l'opération se faisait avec les troupes les plus légères et les mieux montées. Lorsqu'on arrivait à l'étape, en un clin d'œil les tentes étaient montées, le convoi déchargé, les chameaux baraqués, les mulets attachés, les sentinelles posées. L'émir entrait alors dans le camp, en faisant caracoler son cheval, accompagné de deux saïs très agiles qui bondissaient avec le cheval.
Au moment où il mettait pied à terre devant sa tente, on tirait trois coups de canon.
ABD-EL-KADER entouré des siens (d'après un dessin de Legrand).
Tout ce cérémonial est celui qui s'est conservé très exactement jusqu'à nos jours chez les sultans du Maroc, auxquels il a été visiblement emprunté par Abd-el-Kader. D'ailleurs, il se faisait appeler le plus souvent khalifa sultan-el-Gharb, le lieutenant du sultan du Maroc. Dans la première partie de sa carrière, des liens étroits l'unissaient à Moulay-Abd-er-Rahman, qui lui envoyait des chevaux, des armes, de l'argent, des soldats; plus tard, le sultan craignit que l'émir, chérif comme lui-même, ne constituât par son prestige un danger pour sa dynastie ; il le soutint plus mollement, puis l'abandonna.
 
  191  
Page précédente Retour page Table des matières Page suivante