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  L' OCCUPATION RESTREINTE (1834-1840).  
     
  

L 'ORGANISATION ADMINISTRATIVE

 
L'organisation administrative donnée à l'Algérie par Abd-el-Kader répondait bien à la structure physique et sociale du pays. Quoiqu'il ait prétendu ne rien emprunter aux Turcs, qu'il détestait, son système en réalité n'est pas sans rappeler le leur. Avec lui, il y a encore des makhzens et des raïas, mais en général les anciens makhzens deviennent raïas et les anciens raïas deviennent makhzens.
Abd-el-Kader divisa l'Algérie en un certain nombre de khalifaliks ou grands gouvernements. Chaque khalifalik était partagé en aghaliks, chaque aghalik en caïdats, chaque caïdat en cheikhats. Les khalifas ou gouverneurs de province réunissaient entre leurs mains tous les pouvoirs civils et militaires ; il en était d'ailleurs de même des fonctionnaires d'ordre inférieur qui leur étaient subordonnés; point de séparation des pouvoirs, point de conflits d'autorité. Les chefs, chacun dans leur sphère, étaient responsables du maintien de l'ordre et de l'exécution des lois religieuses ; en temps de guerre, ils se mettaient à la tête des contingents qu'ils avaient amenés.

Les choix de l'émir furent guidés par deux considérations : le dévouement à sa personne et l'influence traditionnelle sur les populations. Il écarta autant que possible la noblesse militaire, les djouad, et les anciens représentants du gouvernement turc et donna la préférence à la noblesse religieuse, aux marabouts et aux cheurfas. Il renonça à l'ancien système d'après lequel chaque nouveau promu payait en échange du burnous d'investiture une somme d'argent proportionnelle aux bénéfices de sa fonction. Il avait essayé de remédier à la vénalité des charges, qui est la grande plaie des pays musulmans et s'efforçait de protéger les indigènes contre les exactions des chefs; mais il ne se faisait pas d'illusion sur les résultats.

Les circonscriptions administratives tracées par Abd-el-Kader étaient d'importance et d'étendue inégales; les limites variaient selon qu'il voulait agrandir ou diminuer l'influence des titulaires du commandement, et le nom même changeait suivant que telle ou telle tribu exerçait la prépondérance. En 1839, au moment où la puissance de l'émir était à son plus haut degré, on comptait neuf khalifaliks : celui de Mascara, confié à Mustapha-ben-Thami, cousin et beau-frère de l'émir, très instruit, très dévoué, mais très poltron; celui de Tlemcen, donné à Bou-Hamadi, marabout originaire des Traras, rude et sauvage, mais courageux, actif, infatigable;

 
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