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  L' OCCUPATION RESTREINTE (1834-1840).  
     
  

L 'ARMÉE

 
En faisant la paix avec les chrétiens, disait Abd-el-Kader à Léon Roches, je me suis inspiré de la parole de Dieu qui dit dans le Coran : La paix avec les infidèles doit être considérée par les musulmans comme une trêve pendant laquelle ils doivent se préparer à la guerre. »
L'émir fit les plus grands efforts pour se constituer une armée régulière et une artillerie. Il disposait bien, selon l'habitude indigène, de tous les hommes valides des tribus, qui devaient se rendre auprès de lui à première réquisition; mais ils ne restaient que peu de temps. Dès qu'ils s'éloignaient de chez eux, ils étaient inquiets pour leurs femmes, leurs enfants, leurs troupeaux; après un échec, ils disparaissaient. Les anciennes tribus makhzen s'étaient prononcées contre l'émir; il lui fallait donc un noyau de soldats de métier, de réguliers. La première idée de ces troupes régulières a peut-être été donnée à Abd-el-Kader par les réformes de Méhémet Ali en Égypte; il s'en entretint avec le commandant Abdallah d'Asbonne, consul de France à Mascara, et Desmichels l'encouragea à la réaliser. L'armée comprenait de l'infanterie, de la cavalerie et de l'artillerie; elle se recrutait par engagements plus ou moins volontaires, car en fait chaque tribu était astreinte à fournir un contingent proportionnel à sa population; elle envoyait ordinairement les pauvres, les orphelins et les mauvais sujets.
L'organisation s'inspirait de celle des Turcs. L'unité était le bataillon de 1000 hommes, commandé par un agha, équivalent du bin-bachi turc, divisé en compagnies de 100 hommes commandées par un seyaf (le yus-bachi turc). La compagnie comprenait trois sections, ayant chacune à leur tête un raïs-es-saff ou chef de tente et un sous-chef appelé kahia.
LÉON ROCHES (d'après un dessin de l'Illustration).
Des secrétaires assuraient le service administratif; ils étaient à la fois comptables, fourriers et aumôniers. Il y avait en outre un porte­drapeau, un instructeur monté, un tambour-major et des tambours, un chaouch, à la fois messager, gendarme et bourreau, un cuisinier. Les grades étaient les mêmes dans la cavalerie et dans l'artillerie.
 
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