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L 'ARMÉE |
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En faisant la paix
avec les chrétiens, disait Abd-el-Kader à Léon Roches, je
me suis inspiré de la parole de Dieu qui dit dans le Coran
: La paix avec les infidèles doit être considérée par
les musulmans comme une trêve pendant laquelle ils doivent
se préparer à la guerre. » |
L'émir fit les plus grands
efforts pour se constituer une armée régulière et une
artillerie. Il disposait bien, selon l'habitude indigène,
de tous les hommes valides des tribus, qui devaient se
rendre auprès de lui à première réquisition; mais ils ne
restaient que peu de temps. Dès qu'ils s'éloignaient de
chez eux, ils étaient inquiets pour leurs femmes, leurs
enfants, leurs troupeaux; après un échec, ils
disparaissaient. Les anciennes tribus makhzen s'étaient
prononcées contre l'émir; il lui fallait donc un noyau de
soldats de métier, de réguliers. La première idée de ces
troupes régulières a peut-être été donnée à Abd-el-Kader
par les réformes de Méhémet Ali en Égypte; il s'en
entretint avec le commandant Abdallah d'Asbonne, consul de
France à Mascara, et Desmichels l'encouragea à la
réaliser. L'armée comprenait de l'infanterie, de la
cavalerie et de l'artillerie; elle se recrutait par
engagements plus ou moins volontaires, car en fait chaque
tribu était astreinte à fournir un contingent
proportionnel à sa population; elle envoyait ordinairement
les pauvres, les orphelins et les mauvais sujets.
L'organisation s'inspirait de celle des Turcs. L'unité
était le bataillon de 1000 hommes, commandé par un agha,
équivalent du bin-bachi turc, divisé en compagnies
de 100 hommes commandées par un seyaf (le yus-bachi
turc). La compagnie comprenait trois sections, ayant chacune
à leur tête un raïs-es-saff ou chef de tente et un
sous-chef appelé kahia. |
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Des secrétaires
assuraient le service administratif; ils étaient à la fois
comptables, fourriers et aumôniers. Il y avait en outre un
portedrapeau, un instructeur monté, un tambour-major et
des tambours, un chaouch, à la fois messager, gendarme et
bourreau, un cuisinier. Les grades étaient les mêmes dans
la cavalerie et dans l'artillerie. |
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