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  L' OCCUPATION RESTREINTE (1834-1840).  
     
   L'état-major comprenait l'agha-el-asker, général de l'armée régulière, le bach-tobdji, chef de l'artillerie, le chef des secrétaires, le chef des chaouchs, deux intendants, des porte-drapeaux, des musiciens. L'infanterie portait le seroual ou pantalon bleu, le caban brun-marron avec capuchon, la chéchia, un gilet, une chemise, des belras ou babouches jaunes. Les cavaliers avaient un uniforme écarlate. Les gradés, vêtus de drap plus fin, amarante, écarlate ou bleu foncé, portaient leurs insignes en forme de sabres ou de croissants, avec des devises arabes brodées sur les manches. L'émir avait institué une décoration; c'était une plaque sur laquelle étaient inscrits les mots : Nasser-ed-din, champion de la religion; cette décoration donnait droit à certains privilèges. L'avancement était laissé entièrement au choix du sultan. La ration consistait en semoule et en beurre fondu. La solde était de 6 réaux par mois pour les fantassins (8 francs), 7 réaux pour les cavaliers. Il y avait un service de santé, un code de justice militaire. Les instructeurs étaient des soldats de Tunis, de Tripoli, des déserteurs de l'armée française, des étrangers européens.
La grosse difficulté était de se procurer des armes, des munitions et surtout des canons. Les fantassins avaient des fusils français avec la baïonnette; l'émir était autorisé par le traité de la Tafna à s'en procurer en France; d'autres furent pris à la Macta, volés à des sentinelles, vendus par des soldats. Du Maroc et de Gibraltar vinrent beaucoup de mousquetons anglais. La contrebande se faisait aussi par Oran et Nédroma. Il y avait quelques petits ateliers de réparation à Mascara, à Tlemcen et à Takdempt. Quant aux canons, Abd-el-Kader, d'après Daumas, avait 36 pièces, dont 12 seulement pouvaient tenir la campagne, 100 canonniers, peu de projectiles. En octobre 1838, le maréchal Valée lui envoya 400 obus. Des essais de fonte de canons et de fabrication de poudre furent faits à Tlemcen, à Takdempt et à Miliana ; ils réussirent médiocrement.
En temps de paix, un bataillon de fantassins de 1 000 hommes avec 250 cavaliers, 30 artilleurs, 2 ou 3 pièces de canon était détaché auprès de chaque khalifa ou gouverneur de province, le noyau central restant auprès de l'émir.
En somme, les réguliers d'Abd-el-Kader, si médiocres qu'ils fussent, lui donnaient une évidente supériorité sur les chefs indigènes. Même en face des forces françaises, ils montrèrent souvent beaucoup de résistance; ils joignaient à leur bravoure native une certaine discipline, pouvaient tenir en bataille rangée ou couvrir une retraite.
Lorsque nous eûmes atteint Mascara et Tlemcen, l'émir vit le danger de placer ses approvisionnements dans des villes aussi rapprochées de la mer et porta sa véritable ligne de défense à la lisière méridionale du Tell. Il s'efforça de créer là une série d'arsenaux et de places de défense qu'il espérait devoir être hors de notre atteinte.
 
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