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  L' OCCUPATION RESTREINTE (1834-1840).  
     
  
Sa mission était pénible et même dangereuse, car, si les chefs étaient corrects, la populace manifestait sa haine et son mépris à l'envoyé des chrétiens.
Daumas, rappelé à Oran quand la rupture devint imminente, avait parfaitement prévu que la paix avec l'émir ne pouvait être durable et indiqué combien les bases de son pouvoir étaient fragiles.

Les aventuriers et les renégats ont toujours joué un certain rôle dans les pays musulmans et en particulier en Algérie, comme on l'a vu en ce qui concerne l'époque turque. D'un côté, les musulmans sont impuissants à s'organiser, ignorent l'art de l'ingénieur, ne savent pas tenir une comptabilité. D'autre part, certains hommes, gênés par l'étroite discipline des sociétés modernes, attirés par l'islam, rêvent de vivre les contes des Mille-et-une-Nuits, d'avoir à profusion des chevaux et des femmes. La réalité est en général bien différente et leur vaut beaucoup de désillusions.
Parmi ces hommes, que séduisait une sorte de mirage romantique, le plus intéressant de ceux qui entrèrent au service d'Abd-el-Kader fut Léon Roches. Il a raconté lui-même ses aventures, non sans les embellir quelque peu. Appelé à Alger en 1832 par son père, qui avait été attaché à l'intendance lors de l'expédition d'Alger, il prit, après la paix de la Tafna, la résolution d'aller rejoindre Abd-el-Kader, pour lequel il avait conçu une vive admiration et se fit passer pour musulman. Mal accueilli au début et considéré comme un espion, il devint bientôt le secrétaire de l'émir et l'accompagna dans ses déplacements. Il finit cependant par le quitter et Bugeaud en fit son collaborateur.

LE COMMANDANT DAUMAS (d'après un dessin de B.Roubaud).
Les autres Européens qui ont vécu auprès d'Abd-el-Kader n'avaient ni la notoriété, ni le désintéressement de Léon Roches. On peut citer Hassan-le-Hongrois, homme mystérieux, cachant, si l'on en croit Léon Roches, quelque grande infortune; un jeune officier d'artillerie polonais; un Français, Guillemain, venu chez Abd­el-Kader avec le consentement du gouvernement pour diriger la fabrique d'armes de Takdempt et qui fut assassiné; enfin Cazes, ingénieur et minéralogiste, directeur de la fonderie de Miliana.
 
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