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  L' OCCUPATION RESTREINTE (1834-1840).  
     
   On lui répondit que, par ces mots, il fallait entendre tout ce qui, dans la province d'Alger, était au delà de l'Oued-Keddara jusqu'à la province de Constantine. Mais Abd-el-Kader n'admettait nullement cette interprétation; il prétendait que le traité ne nous permettait pas de nous étendre à l'Est de la Mitidja.
Nous ne pouvions cependant nous interdire les communications entre Constantine et Alger. Valée demanda un remaniement du traité. Abd-el-Kader évita toute réponse catégorique; il était parfaitement informé de ce qui se passait à Paris, où on caressait la chimère de conserver seulement une zone étroite voisine du littoral, d'y installer la colonisation et de gagner peu à peu par le commerce et les relations pacifiques la masse des populations indigènes. L'émir adressa au roi Louis-Philippe des lettres savamment composées, dans lesquelles il protestait de son amour pour la paix, se posant en prince éclairé et en propagateur de notre civilisation. Il écrivit à M. Thiers et au maréchal Gérard. Ces lettres demeurèrent sans réponse.

La paix que voulait maintenir l'émir était une paix armée, dans laquelle grandissaient tous les jours à nos dépens son prestige et sa puissance. En ce qui concer­nait l'interprétation du traité de la Tafna, il trancha la difficulté en prenant possession du territoire contesté. Il intervint d'abord dans le Titteri, où une ligue s'était formée contre lui; victorieux de son adversaire Ben-Aouda-el-Mokhtari, il le nomma, par un coup de politique habile, agha du pays qui venait de se soumettre et s'en fit un serviteur dévoué. Puis il attaqua les Koulouglis, qui habitaient les bords de l'Oued-Zitoun, affluent de l'Isser, et qui s'étaient soumis à l'autorité française; sa vengeance fut terrible contre ces musulmans qui avaient pactisé avec les infidèles. A la nouvelle de cette agression, Valée envoya au Fondouk d'abord le directeur des affaires arabes, Pellissier de Reynaud, puis une brigade commandée par le général Bernelle pour surveiller les mouvements de l'émir. Mais, de part et d'autre, on résolut de ne pas pousser les choses à l'extrême.

Abd-el-Kader cependant mettait le temps à profit, notamment dans la province de Constantine. Il prétendit que la Medjana et le Zab ne faisaient pas partie de l'ancien beylik, que c'étaient des pays vassaux soumis à des chefs héréditaires et qu'en conséquence il ne lui était pas interdit d'y intervenir. Comme pour les limites de la Mitidja, il trancha la question en marchant sur Biskra, d'où il chassa l'ancien bey Ahmed et où il investit Farhat-ben-Saïd.
Aïn-Mahdi, ksar situé à 30 kilomètres à l'Ouest de Laghouat, au pied du Djebel­Amour, était le centre de la confrérie religieuse des Tidjaniya, rivale de celle des Kadriya à laquelle appartenait Abd-el-Kader.

 
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