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Le gouverneur réclama des
renforts. Il avait 40 000 hommes et en demandait 12 000
autres, qui lui furent accordés sans hésitation; au
printemps de 1840, l'effectif des troupes était de 60 000
hommes. Valée se décida à reprendre l'offensive. Il occupa
Cherchel, puis Médéa et Miliana ; mais les troupes laissées
dans les villes se trouvèrent bientôt étroitement bloquées
; il fallait les secourir, les approvisionner, les renouveler.
Chaque ravitaillement nécessitait une campagne; à Miliana,
sur 1 1 00 hommes, 800 moururent de maladie ou de nostalgie.
Les hostilités avaient repris dans les provinces d'Oran et de
Constantine. Dans l'Ouest, lé combat de Mazagran, où 123
hommes du bataillon d'Afrique repoussèrent 2 000 soldats du
khalifa d'Abd-el-Kader Ben-Thami, eut un grand retentissement.
Dans le Sud de la province de Constantine, Ben-Gang remporta
un succès sur les partisans de l'émir et envoya au général
Gallois comme trophée 500 oreilles coupées. Néanmoins, on
n'était guère plus avancé en 1840 qu'en 1830. |
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LES DISCUSSIONS DE
1840 AU PARLEMENT |
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En France, Thiers avait succédé
à Soult comme président du Conseil le ler mars 1840. A ce
moment se produisit la crise extérieure la plus grave qu'ait
traversée la monarchie de juillet. Elle était causée par la
question d'Orient et par le conflit qui mettait aux prises
Méhémet-Ali avec son suzerain le sultan Mahmoud.
L'Angleterre ne pouvait admettre de voir les conquérants de
l'Algérie dominer en Égypte et en Syrie
" L'Égypte ! disait le tsar Nicolas à M. de Barante,
les Anglais la veulent; vous vous brouillerez avec eux pour
l'Égypte. " C'est ce qui arriva. Ce n'était d'ailleurs
pas seulement le sort de l'empire ottoman ou de l'Égypte qui
était en jeu dans la grande crise de 1840 : c'était la
situation de la France en Europe et la paix du monde.
Les adversaires de l'Algérie jugèrent que les complications
européennes étaient de nature à faire triompher la thèse
de l'occupation restreinte ou même de l'abandon. "
L'Afrique, disait M. Piscatory, c'est la ruine pendant la
paix, l'affaiblissement pendant la guerre. L'Afrique est un
malheur, une folie et si on doit la pousser hors de toutes
limites, sans hésiter je suis pour l'abandon. " Dans la
séance du 14 mai 1840, Bugeaud prit la parole et fit
d'importantes déclarations: " Voulez-vous, dit-il,
rester en Afrique? Eh bien il faut y rester pour y faire
quelque chose; jusqu'à présent, on n'y a rien fait,
absolument rien. Voulez-vous recommencer ces dix ans de
sacrifices infructueux, ces expéditions qui n'aboutissent
qu'à brûler des maisons et à envoyer bon nombre de soldats
à l'hôpital? Vous ne pouvez continuer quelque chose d'aussi
absurde. Il y a un système qu'il faut abandonner: c'est le
système de la multiplication des postes retranchés. Je n'en
connais pas de plus déplorable; il nous a fait un mal
affreux. |
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