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  L' OCCUPATION RESTREINTE (1834-1840)  
     
  
Le gouverneur réclama des renforts. Il avait 40 000 hommes et en demandait 12 000 autres, qui lui furent accordés sans hésitation; au printemps de 1840, l'effectif des troupes était de 60 000 hommes. Valée se décida à reprendre l'offensive. Il occupa Cherchel, puis Médéa et Miliana ; mais les troupes laissées dans les villes se trouvèrent bientôt étroitement bloquées ; il fallait les secourir, les approvisionner, les renouveler. Chaque ravitaillement nécessitait une campagne; à Miliana, sur 1 1 00 hommes, 800 moururent de maladie ou de nostalgie. Les hostilités avaient repris dans les provinces d'Oran et de Constantine. Dans l'Ouest, lé combat de Mazagran, où 123 hommes du bataillon d'Afrique repoussèrent 2 000 soldats du khalifa d'Abd-el-Kader Ben-Thami, eut un grand retentissement. Dans le Sud de la province de Constantine, Ben-Gang remporta un succès sur les partisans de l'émir et envoya au général Gallois comme trophée 500 oreilles coupées. Néanmoins, on n'était guère plus avancé en 1840 qu'en 1830.
 

LES DISCUSSIONS DE 1840 AU PARLEMENT

 
En France, Thiers avait succédé à Soult comme président du Conseil le ler mars 1840. A ce moment se produisit la crise extérieure la plus grave qu'ait traversée la monarchie de juillet. Elle était causée par la question d'Orient et par le conflit qui mettait aux prises Méhémet-Ali avec son suzerain le sultan Mahmoud. L'Angleterre ne pouvait admettre de voir les conquérants de l'Algérie dominer en Égypte et en Syrie
" L'Égypte ! disait le tsar Nicolas à M. de Barante, les Anglais la veulent; vous vous brouillerez avec eux pour l'Égypte. " C'est ce qui arriva. Ce n'était d'ailleurs pas seulement le sort de l'empire ottoman ou de l'Égypte qui était en jeu dans la grande crise de 1840 : c'était la situation de la France en Europe et la paix du monde.
Les adversaires de l'Algérie jugèrent que les complications européennes étaient de nature à faire triompher la thèse de l'occupation restreinte ou même de l'abandon. " L'Afrique, disait M. Piscatory, c'est la ruine pendant la paix, l'affaiblissement pendant la guerre. L'Afrique est un malheur, une folie et si on doit la pousser hors de toutes limites, sans hésiter je suis pour l'abandon. " Dans la séance du 14 mai 1840, Bugeaud prit la parole et fit d'importantes déclarations: " Voulez-vous, dit-il, rester en Afrique? Eh bien il faut y rester pour y faire quelque chose; jusqu'à présent, on n'y a rien fait, absolument rien. Voulez-vous recommencer ces dix ans de sacrifices infructueux, ces expéditions qui n'aboutissent qu'à brûler des maisons et à envoyer bon nombre de soldats à l'hôpital? Vous ne pouvez continuer quelque chose d'aussi absurde. Il y a un système qu'il faut abandonner: c'est le système de la multiplication des postes retranchés. Je n'en connais pas de plus déplorable; il nous a fait un mal affreux.
 
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