Page précédente HISTOIRE DES COLONIES FRANÇAISES - Tome2 - Retour page Table des matières ALGÉRIE - LIVRE II  - CHAP. III Page suivante
  LA CONQUÊTE INTÉGRALE - BUGEAUD ET ABD-EL-KADER (1840-1848)  
     
  
D'autres généraux d'Afrique, moins connus parce qu'ils sont morts jeunes et n'ont pas comme La Moricière et Saint-Arnaud joué plus tard un rôle politique, n'ont peut-être pas eu moins de mérite; tels sont Géry, âme de feu dans un corps débile, qui mourut des suites des fatigues endurées dans les campagnes contre Abd-el-Kader ; Tempoure, Korte, Bouscarin, Tartas ; ce dernier, compatriote de d'Artagnan, disait un jour : " Jamais le soleil n'a vu tomber Tartas. " Et comme on lui rappelait une circonstance dans laquelle il avait été désarçonné : " C'est vrai, repartit-il, mais ce jour-là il n'y avait pas de soleil. "
D'autres officiers, qui appartiennent plutôt à la période suivante, ont néanmoins servi sous Bugeaud ; tels sont Mac-Mahon, dont la vie militaire résume et condense l'histoire entière de l'ancienne armée d'Afrique, puisque, débarqué à Sidi-Ferruch en 1830 comme sous-lieutenant, il quitta l'Algérie comme maréchal et gouverneur général en 1870; Randon, arrivé en 1838 comme colonel du 2e chasseurs d'Afrique, maréchal de camp en 1841; Bosquet, qui prit part aux campagnes d'Afrique de 1834 à 1848; Martimprey, capitaine en 1835, qui se distingua en maintes circonstances; Ladmirault, d'une trempe peu ordinaire, puissant organisateur; Canrobert, venu en Afrique en 1835 comme lieutenant, qui commanda la légion étrangère et les zouaves; Margueritte, plus jeune encore, engagé volontaire à quinze ans, sous-lieutenant en 1840 à dix-huit ans, magnifique cavalier, excellent administrateur, adoré des indigènes chez lesquels son souvenir est resté légendaire. Puis viennent les aides de camp, les secrétaires et les officiers d'ordonnance : le colonel Eynard, le lieutenant de vaisseau Fourichon, de Garraube, Vergé, Lheureux, Féray, Trochu, Rivet, l'interprète du maréchal Léon Roches, et, parmi les civils, Louis Veuillot. La valeur des exécutants ne doit pas faire oublier celle de l'homme qui les dirigeait : " En fait de guerre, disait Bedeau, notre maître à tous, c'est le maréchal Bugeaud ; à lui seul il vaut tous les autres. Nul d'entre nous n'arrive à l'épaule de ce véritable grand homme. "
 

SES MÉTHODES DE GUERRE

Bugeaud est sans contredit le créateur de l'armée d'Afrique. Il commença par réformer les préjugés et rectifier les méthodes pratiquées depuis 1830. Il renonça au système des petits postes et des blockhaus préconisé par le maréchal Valée et contre lequel il s'était déjà élevé dans son discours de 1840; à ces postes, où les troupes étaient décimées par les maladies, l'inaction et l'ennemi, il substitua le système des colonnes mobiles rayonnant sur tout le pays. Plus de lourds convois, toujours attaqués et harcelés; des troupes alertes, légères, pouvant lutter de vitesse avec leurs adversaires, menant aussi lestement que les indigènes eux-mêmes les razzias et les coups de main.
 
  222  
Page précédente Retour page Table des matières Page suivante