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D'autres généraux d'Afrique,
moins connus parce qu'ils sont morts jeunes et n'ont pas comme
La Moricière et Saint-Arnaud joué plus tard un rôle
politique, n'ont peut-être pas eu moins de mérite; tels sont
Géry, âme de feu dans un corps débile, qui mourut des
suites des fatigues endurées dans les campagnes contre
Abd-el-Kader ; Tempoure, Korte, Bouscarin, Tartas ; ce
dernier, compatriote de d'Artagnan, disait un jour : "
Jamais le soleil n'a vu tomber Tartas. " Et comme on lui
rappelait une circonstance dans laquelle il avait été
désarçonné : " C'est vrai, repartit-il, mais ce
jour-là il n'y avait pas de soleil. "
D'autres officiers, qui appartiennent plutôt à la période
suivante, ont néanmoins servi sous Bugeaud ; tels sont
Mac-Mahon, dont la vie militaire résume et condense
l'histoire entière de l'ancienne armée d'Afrique, puisque,
débarqué à Sidi-Ferruch en 1830 comme sous-lieutenant, il
quitta l'Algérie comme maréchal et gouverneur général en
1870; Randon, arrivé en 1838 comme colonel du 2e chasseurs
d'Afrique, maréchal de camp en 1841; Bosquet, qui prit part
aux campagnes d'Afrique de 1834 à 1848; Martimprey, capitaine
en 1835, qui se distingua en maintes circonstances; Ladmirault,
d'une trempe peu ordinaire, puissant organisateur; Canrobert,
venu en Afrique en 1835 comme lieutenant, qui commanda la
légion étrangère et les zouaves; Margueritte, plus jeune
encore, engagé volontaire à quinze ans, sous-lieutenant en
1840 à dix-huit ans, magnifique cavalier, excellent
administrateur, adoré des indigènes chez lesquels son
souvenir est resté légendaire. Puis viennent les aides de
camp, les secrétaires et les officiers d'ordonnance : le
colonel Eynard, le lieutenant de vaisseau Fourichon, de
Garraube, Vergé, Lheureux, Féray, Trochu, Rivet,
l'interprète du maréchal Léon Roches, et, parmi les civils,
Louis Veuillot. La valeur des exécutants ne doit pas faire
oublier celle de l'homme qui les dirigeait : " En fait de
guerre, disait Bedeau, notre maître à tous, c'est le
maréchal Bugeaud ; à lui seul il vaut tous les autres. Nul
d'entre nous n'arrive à l'épaule de ce véritable grand
homme. " |
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SES MÉTHODES DE
GUERRE |
Bugeaud est sans contredit le
créateur de l'armée d'Afrique. Il commença par réformer
les préjugés et rectifier les méthodes pratiquées depuis
1830. Il renonça au système des petits postes et des
blockhaus préconisé par le maréchal Valée et contre lequel
il s'était déjà élevé dans son discours de 1840; à ces
postes, où les troupes étaient décimées par les maladies,
l'inaction et l'ennemi, il substitua le système des colonnes
mobiles rayonnant sur tout le pays. Plus de lourds convois,
toujours attaqués et harcelés; des troupes alertes,
légères, pouvant lutter de vitesse avec leurs adversaires,
menant aussi lestement que les indigènes eux-mêmes les
razzias et les coups de main. |
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