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  LA CONQUÊTE INTÉGRALE - BUGEAUD ET ABD-EL-KADER (1840-1848)  
     
  
On partait entre trois heures et six heures du matin, avec une halte d'une heure pour faire le café au milieu de l'étape et on arrivait au bivouac vers trois heures du soir. Souvent, on lançait une pointe rapide, avec les fusils seulement, en laissant les bagages et le convoi sous bonne garde. La formation de combat consistait en un grand losange formé d'autant de carrés qu'il y avait de bataillons d'infanterie, la cavalerie et les bagages se trouvant au centre, avec un espace suffisant pour se mouvoir.

Lorsqu'on disposait de 10 bataillons, ils formaient trois colonnes 3 bataillons aux colonnes de droite et de gauche, 4 à la colonne du centre, 1 en avant des bagages, 3 en arrière. A un signal donné, les bataillons des deux ailes s'échelonnaient à 120 pas sur le bataillon de tête de la colonne du centre, les 3 autres bataillons de cette colonne formant la même figure en arrière. Par cette disposition, les bagages et la cavalerie étaient parfaitement couverts partout, les bataillons sur les quatre faces se protégeaient mutuellement en croisant leurs feux et les intervalles qui les séparaient permettaient à la cavalerie de sortir brusquement et de rentrer de même sans déranger l'ordre de l'infanterie. On avait ainsi un grand carré de carrés, offrant l'avantage de pouvoir se mouvoir dans toutes les directions, quelle que fût la nature du terrain.

On s'efforça d'atteindre les indigènes dans leurs intérêts matériels et saisissables : récoltes sur pied, plantations, douars, bestiaux, silos. Pour habituer les soldats à vivre des ressources du pays, on les exerça à rechercher les silos et on leur donna des moulins à bras pour réduire en farine le blé qu'ils y trouvaient.

Tirailleur indigène (Turco). (d'après un dessin de Raffet).
Cette méthode de razzias comportait la dévastation systématique du pays. " Nous avons, écrit Castellane, détruit beaucoup de pauvres villages et de riches et abondantes moissons ; triste nécessité, cruel moyen pour lequel j'éprouve la plus grande antipathie." - " Le mal que ma colonne a fait sur son passage, dit-il ailleurs, est incalculable. Est-ce un mal? Est-ce un bien? Ou plutôt est-ce un mal pour un bien? C'est ce que l'avenir décidera. Pour mon compte, je crois que c'est le seul moyen d'amener la soumission des habitants, bien à plaindre en définitive, puisqu'ils sont entre deux partis pour l'un desquels ils ne peuvent se décider sans encourir la vengeance de l'autre. "
 
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